Carsid : fermeture definitive du haut-fourneau

 

Toutes mes pensées solidaires aux camarades de Carsid en ce jour sombre. Charleroi, Liège même combat, par passion pour notre savoir-faire. Parce que l'acier coule dans nos veines, aujourd'hui comme demain et ça personne ne peut nous le reprendre.

 

Nerfs d'Acier

Carsid : fermeture définitive du haut-fourneau

mercredi 28 mars 2012

 

L'entreprise sidérurgique Carsid, à l'arrêt depuis novembre 2008, ne sera finalement pas relancée, a annoncé la direction du groupe Duferco mercredi matin au cours d'un conseil d'entreprise. Le site emploie un millier de travailleurs à Marcinelle.

 

Mis en chômage économique depuis novembre 2008, privé de son aval depuis la reprise au printemps 2011 par le groupe russe NLMK des sites de Clabecq et La Louvière, le haut-fourneau de Carsid, à Marcinelle (Charleroi), filiale de Duferco Belgique, ne sera pas relancé. L'annonce de la cessation des activités a été faite mercredi par la direction du groupe Duferco, lors d'un conseil d'entreprise.

Lorsque tombe, à l'automne 2008, la décision de mettre le personnel de Carsid en chômage économique, c'est une phase à chaud comprenant non seulement un haut-fourneau d'une capacité annuelle de 2 millions de tonnes de brames, totalement remis à neuf en 2007, mais aussi une aciérie, une agglomération et une centrale électrique qui sont mis à l'arrêt. Le site carolo fait alors partie de Steel Invest & Finance (SIF), une co-entreprise créée en 2006 et détenue à parts égales par l'italo-suisse Duferco et le groupe russe Novolipetsk Steel (NLMK).

Cette décision lourde de conséquences sur le plan social intervient alors que la demande mondiale d'acier plonge, de même que les prix, sous l'effet de la plus importante crise économique de l'après-Seconde Guerre Mondiale.

Très vite, la mise en chômage économique des travailleurs de Carsid est prolongée jusqu'à la fin du premier trimestre 2009, avant d'être à nouveau prorogée. En janvier 2010, la direction de Carsid annonce que la production ne reprendra pas avant la fin du deuxième trimestre 2010. Raisons invoquées: le prix de vente trop bas et le niveau toujours trop faible de la demande d'acier sur les marchés de l'automobile et de la construction. Fin mai 2010, l'échéance est à nouveau reportée, cette fois à la fin octobre.

Pendant ce temps, l'approvisionnement en brames des sites de Clabecq (spécialisé dans les plaques) et de La Louvière (transformation de produits plats et produits longs) est assuré par les hauts-fourneaux russes de NLMK. NLMK reprendra bientôt, au printemps 2011, pour 600 millions de dollars, les parts de Duferco dans SIF. Le groupe russe met ainsi la main en Belgique sur les activités "produits plats" de La Louvière, sur le site de Clabecq ainsi que sur plusieurs centres de distribution.

Quant à Duferco, il conserve la filière "produits longs" de La Louvière ainsi que Carsid, toujours à l'arrêt et désormais coupé de son aval. Lors de l'officialisation du divorce à l'amiable avec NLMK, le patron de Duferco Belgium, Antonio Gozzi, annonce qu'il se lance "avec son bâton de pèlerin" à la recherche d'une solution industrielle susceptible d'offrir un aval à Carsid. Il se dit prêt à un partenariat, voire même à céder les installations carolorégiennes pour un euro symbolique. Il faut dire qu'en cas d'abandon définitif des activités, la facture de dépollution pourrait s'avérer salée. Les ouvriers, eux, se montrent de plus en plus pessimistes.

Faux espoirs

À l'automne 2011, le ministre wallon de l'Économie, Jean-Claude Marcourt, laisse entendre que trois candidats repreneurs se sont montrés intéressés. Il s'agirait de groupes italien, ukrainien et thaïlandais. Quelques jours plus tard, fin octobre, Antonio Gozzi confirme être en dialogue avec "trois industriels qui, pour des raisons différentes, pourraient être intéressés" par Carsid. Il tait leur nom par souci de discrétion.

Le patron de Duferco Belgium déclare par contre qu'il se donne jusqu'au premier semestre 2012 pour trouver une solution. Et M. Gozzi d'énumérer les atouts dont jouit, selon lui, Carsid: localisation au coeur de l'Europe, grand professionnalisme et savoir-faire technique des travailleurs. Il évoque même le prix de revient de la brame d'acier produite à Carsid et qui, bien que plus élevé que pour un haut-fourneau maritime, est "plus compétitif" que celui du haut-fourneau d'ArcelorMittal à Liège, dont l'arrêt vient d'être annoncé.

Afin d'attirer les investisseurs, Antonio Gozzi se dit encore prêt à investir dans la réfection, en exploitant les meilleures technologies disponibles, de la cokerie alimentant Carsid et qui a été fermée en janvier 2008.

La dernière marque d'intérêt pour Carsid a, semble-t-il, été exprimée par une société chinoise, qui s'était renseignée en début d'année 2012. Sans que cela ne débouche sur une reprise du dernier haut-fourneau carolo.

Monica De Coninck soutiendra l'action du gouvernement wallon

Après l'annonce par la direction que le haut-fourneau de Carsid ne redémarrera pas, la ministre fédérale de l'Emploi, Monica De Coninck (sp.a) a fait savoir qu'elle soutiendra activement l'action du gouvernement wallon dans ce dossier. Elle a invité par ailleurs la direction à jouer un rôle actif dans le cadre de la procédure Renault "en vue de favoriser la prise en compte de toute solution susceptible de diminuer l'impact social de la fermeture annoncée mercredi matin".

La reconversion ou le replacement des travailleurs - dont le savoir-faire et les compétences ne sont plus à démontrer- l'avenir de l'outil considéré comme parmi les plus performants d'Europe ou encore le devenir du secteur constituent autant d'interrogations auxquelles il faudra tenter de répondre dès l'émotion suscitée par cette annonce passée, ajoute Monica De Coninck.

Et d'ajouter que cette réflexion, devra être menée sans fard et sans crainte à l'échelle du pays. "Il importe que tous, nous œuvrions ensemble à définir et à poser les bases nouvelles de ce qui doit être reconstruit".

Le ministre wallon de l'Economie, Jean-Claude Marcourt, sera très attentif à l'évolution de ce dossier au cours des prochaines semaines. Il reste à la disposition de la direction et des travailleurs pour examiner toutes les pistes possibles de poursuite d'une activité industrielle sur le site, ainsi que tout projet alternatif qui serait proposé, a-t-il indiqué mercredi.

 

Avec Belga et leVif.be

 

 

 

 



28/03/2012

A découvrir aussi


Inscrivez-vous au blog

Soyez prévenu par email des prochaines mises à jour

Rejoignez les 26 autres membres