Comment relancer la croissance ? Là est la question

 

 

Comment relancer la croissance ? Là est la question

 

 

Olivier le Bussy 23/05/2012 Lalibre.be

 

Ce sera le thème du sommet informel de ce soir. Mais les avis divergent sur la façon de générer la relance. La crainte existe que le sujet grec ne parasite les débats.
 

Alors, docteur ? Le malade européen ne se porte pas mieux, diagnostique l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) qui a indiqué mardi que selon ses prévisions, la zone euro connaîtra une légère récession (-0,1 %) en 2012. La fragilité de l’Union économique et monétaire, toujours minée par la crise de la dette souveraine, "demeure la plus importante source de risques pour l’économie mondiale", souligne l’OCDE.

 

Tout le monde, parmi les Vingt-sept, est convaincu que l’Union européenne, et la zone euro en particulier, ne parviendront pas à sortir de l’ornière sans renouer avec la croissance. Le président du Conseil européen, Herman Van Rompuy, a convié les chefs d’Etat et de gouvernement de l’Union à débattre de ce vaste sujet, ce mercredi soir à Bruxelles, lors d’un dîner informel. Mais les avis divergent sur la manière de relancer l’économie et la façon de conjuguer relance et rigueur budgétaire. Néanmoins, dans sa lettre d’invitation, Herman Van Rompuy prie les Vingt-sept de se pencher "sans tabou" sur les différentes options.

 

Des mesures concrètes pour la croissance.

 

La réunion informelle n’accouchera pas de décision concrète. Elle sert avant tout à déblayer le terrain pour le Conseil européen de juin, dont l’agenda sera chargé comme un tram à l’heure de pointe, et à entendre les positons des uns et des autres sur l’emploi, les réformes structurelles les fonds européens, etc. Plus concrètement, les Vingt-sept étudieront deux propositions de la Commission. La première a trait aux project bonds qui doivent financer des grands travaux dans le domaine des réseaux transeuropéens de transports, d’énergie, ainsi que dans celui de l’innovation. Ces obligations, garanties par le budget européen et la Banque européenne d’investissements (BEI) devraient attirer les investisseurs privés. Le nouveau président français François Hollande avait plaidé pour leur création pendant sa campagne. Et mardi, le Parlement européen et le Conseil ont trouvé un accord pour le lancement d’une phase pilote, en 2012-2013. Quelque 230 millions d’euros du budget européen seront affectés aux project bonds, avec l’espoir de lever, via un effet multiplicateur, 4,5 milliards d’euros pour cinq ou six projets phares, à préciser. Si l’essai est concluant, la Commission proposera que 50 milliards d’euros issus du budget européen 2014-2020 soient consacrés aux projects bonds . Reste à voir si la proposition passera la rampe des négociations sur le budget pluriannuel. Autre proposition à débattre : l’augmentation de 10 milliards d’euros le capital de la BEI, le bras financier de l’UE. Paris y est favorable, Berlin moins enthousiaste, Londres réticent. Car il faudra délier les cordons de la bourse. Le coût estimé pour la Belgique est de 450 millions d’euros.

 

Et la solidarité ?

 

Parmi les Vingt-sept, le principe de rigueur budgétaire fait, globalement, consensus. Plusieurs voix se lèvent, toutefois, pour qu’il soit doublé d’un principe de solidarité, incarné par la création d’euro-obligations, qui permettraient de mutualiser la dette des Etats membres. Auréolé de son entrée réussie sur la scène internationale, le week-end dernier, au G8 de Camp David, François Hollande entend porter l’idée. L’Espagnol Rajoy et l’Italien Monti, dont les pays doivent s’acquitter de taux d’intérêts de plus en plus élevés sur les marchés, sont prêts à lui emboîter le pas. De même que la Commission. Qui, selon son vice-président en charge des Affaires économiques, financières et de l’euro, Olli Rehn prépare un plan pour l’approfondissement de l’intégration de l’Union économique et monétaire "de sorte que l’émission commune de dette ferait sens pour tous les Etats qui partagent la même monnaie". Oui mais : "Si des délégations mettent ce sujet sur la table, je crois pouvoir prédire certaines réactions", ironise une source européenne. Les euro-obligations, ce n’est "ni maintenant, ni en juin", insiste-t-on en effet, à Berlin. Ce qui ne veut pas dire "jamais".

 

Et la Grèce, dans tout ça ?

 

La crainte d’Herman Van Rompuy est que la situation politique en Grèce ne parasite la réunion. Le sujet a donc été prudemment relégué au pousse-café. C’est que le Belge Karel De Gucht, commissaire au Commerce, a mis le feu aux poudres, en déclarant vendredi au "Standaard", que la Commission et la Banque centrale européenne étudiaient des scénarios de sortie de la Grèce de la zone euro. La directrice générale du Fonds monétaire international, Christine Lagarde, a aussi évoqué des discussions techniques sur la Grexit. Mais les participants européens du G8 ont réaffirmé que l’avenir de la Grèce est dans la zone euro. Et, officiellement, les institutions européennes martèlent, que "Non, non, personne ne prépare une sortie de la Grèce". Les Vingt-sept tenteront donc de délivrer un message cohérent. Sans trop s’avancer, avant que les nouvelles élections grecques du 17 juin n’aient livré leur verdict. "On ne va pas dire qu’on est prêt à s’engager plus pour la Grèce ou à assouplir ses engagements", glisse une source diplomatique. "Mais évidemment, on met un peu la pression sur l’électeur grec".

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23/05/2012

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