Désobéissance civile? Action directe? Petit lexique du combat social

 

 

 

Grève étudiante 2012



Grève étudiante de 2012

Désobéissance civile? Action directe? Petit lexique du combat social

par Catherine Dubé

 

En cette ère de loi spéciale, il est plus que jamais important de savoir de quoi l’on parle. Voici donc un petit lexique du vocabulaire militant.

Désobéissance civile

Les « désobéissants » transgressent délibérément les règles au nom de principes éthiques. Et en assument les conséquences. Ils agissent à visage découvert et ne résistent pas à leur arrestation. Action politique faite au nom d’une cause, la désobéissan­ce civile n’a rien à voir avec la casse.

 

« Elle est toujours non violente, c’est à la base du concept », précise Pascale Dufour. Les campements du mouvement Occupy en ont été une belle illustration.

 

La désobéissance civile peut toutefois comporter des actes de sabotage, pour autant que ceux-ci ne mettent pas la vie d’autrui en danger. Un exemple : le démontage d’un McDonald’s par José Bové, en 1999.

Action directe

Elle peut être légale ou illégale, violente ou non. Lancer une pierre dans une vitrine est une action directe. Tout comme faucher des champs d’OGM, s’enchaîner à des arbres, manifester dans la rue ou occuper le bureau d’une ministre.

 

Aux yeux des militants, l’action directe présente de nombreux avantages : elle peut être réalisée par un petit groupe et, si elle est spectaculaire, elle attirera l’attention des médias.

Démocratie directe

La Coalition large de l’Association pour une solidarité syndicale étudiante (CLASSE) fonctionne selon ce principe. Pas d’élus, pas de « dirigeants » ni de « dirigés ». Les citoyens se gouvernent eux-mêmes. « En règle générale, toutes les décisions sont prises par consensus », explique Pascale Dufour.

 

Évidemment, plus le groupe est grand, plus le consensus devient difficile à obtenir. La CLASSE est constituée d’environ 60 associations étudiantes regroupant près de 100 000 étudiants. « L’organisation doit donc mettre en place des mécanismes, tels que le vote, pour prendre des décisions », poursuit la professeure.

 

Les militants de la base prennent position à l’assemblée générale de leur association étudiante locale, et les décisions sont ensuite débattues dans un congrès où chaque association membre de la CLASSE dispose de un à trois votes.

Démocratie participative

Depuis 1989, les citoyens de Porto Alegre, au Brésil, donnent leur avis sur le budget de cette municipalité d’un million et demi d’habitants. Lorsque le Parti des travailleurs était au pouvoir (il a été battu en 2004), jusqu’à 20 000 citoyens participaient au processus décisionnel par l’intermédiaire d’assemblées et de comités sectoriels, se prononçant sur plus de 10 % des dépenses.

 

La démocratie participative s’avère un compromis entre la démocratie directe et la démocratie représentative.

Démocratie représentative

La plupart des démocraties occidentales, dont le Québec, fonctionnent de cette manière : le peuple choisit des représentants, qui ont le mandat d’exercer le pouvoir en son nom. Le pouvoir des citoyens se limite à désigner ces représentants lors des élections.

Grève

Du point de vue du droit du travail, cesser d’assister à ses cours n’est pas une grève. Ce qui fait que le gouvernement considère plutôt la grève étudiante comme un boycottage. « Mais les pratiques de grève existaient bien avant le droit de grève », fait remarquer Pascale Dufour, professeure de science politique à l’Université de Montréal.

 

De plus, les associations étudiantes ont une reconnaissance juridique encadrée par les lois provinciales et elles ont le droit de prélever des cotisations, comme un syndicat. « Le parallèle avec le droit du travail est fort », estime Pascale Dufour.

 

Selon le Grand dictionnaire terminologique (GDT) de l’Office québécois de la langue française, une « grève politique » est une « grève dont l’objet est d’amener le gouvernement à modifier sa politique ou son attitude sur un point donné. Cette grève est faite contre l’État gouvernement et non contre l’État employeur ». Fait à noter, le GDT recense le terme « grève scolaire ».

Boycottage

Le boycottage — et non boycott — est un « refus collectif d’entretenir des relations socioéconomiques, particulièrement commerciales, avec une personne, une entreprise ou une collectivité dans le but d’exercer sur elles une pression ou des représailles », selon le GDT. S’il était encore vivant, l’Irlandais Charles Boycott pourrait témoigner de son efficacité.

 

En 1880, ce riche propriétaire loue ses terres à des agriculteurs au prix fort, refusant toute concessi­on, même si le pays est au bor­d de la famine. Les fermiers cessent de lui verser un loyer et de cultiver ses terres, l’acculant à la faillite. Ils convainqu­ent les commerçants de ne plus lui vendre de pain et les villageois de ne plus le saluer. Ruiné, ostracisé, Boycott s’exile aux États-Unis.

Pour aller plus loin

Lexique de science politique, par Philippe Boudreau et Claude Perron, Chenelière Éducation, 2011.
• Dictionnaire de la science politique et des institutions politiques, par Guy Hermet et autres, Armand Colin, 2010.
• Le boycott, par Marc Drillech, FYP éditions, 2011.
Dossier « Le pouvoir de la désobéissance civile », revue Relations, no 743, septembre 2010.
• Dictionnaire des mouvements sociaux, sous la direction d’Olivier Fillieule, Les Presses de Sciences Po, 2009.

 

 

lactualite.com



19/05/2012

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