Les partis italiens en déroute aux élections locales

 

 

Les partis italiens en déroute aux élections locales

 

09/05

 

Les droites de Berlusconi et Bossi s'effondrent, le mouvement de l'ex-humoriste Beppe Grillo s'impose.

Une gifle cinglante aux listes de Silvio Berlusconi, une Ligue du Nord en débandade, une abstention en progression de six points et les listes antipolitiques du comique Beppe Grillo qui s'affirment: les élections locales dont le premier tour a eu lieu dimanche et lundi en Italie constituent un avertissement sévère pour tous les partis et risquent de compliquer la tâche du président du Conseil, Mario Monti.

 

Roberto Castiglion incarne le changement. Cet ingénieur de 32 ans est devenu le premier maire d'Italie présenté par «Cinque Stelle» (5 étoiles), le mouvement de Beppe Grillo. Les électeurs de Sarego, petite commune lombarde de 6 500 habitants dont la Ligue du Nord a fait le siège de son fantomatique «Parlement de la Padanie», lui ont accordé leurs préférences. Son programme: transparence, pistes cyclables, éloignement des usines et surtout pas d'incinérateur.

 

«Notre virus se répand», s'est réjoui Beppe Grillo sur son blog. Pour leur première bataille électorale, ses listes enregistrent des scores encourageants en Vénétie, où elles dépassent les 10%, et dans de grandes villes du Nord, Parme, Gênes, ville natale du comique, Monza, Alessandria, Vérone et Belluno. «Un fait inouï, un changement d'époque. Et maintenant allons au Parlement», s'est enflammé Beppe Grillo.

Cassagno Magnago, la «Bethléem» de la Ligue

Le chef de l'État, Giorgio Napolitano, a tempéré son enthousiasme en réfutant l'expression de «boom». Pour lui, les résultats de ce scrutin sont relatifs: seulement 7,1 millions d'électeurs étaient convoqués aux urnes. Une pléthore de listes civiques (2 806 dans les 26 chefs-lieux de province et les 941 communes où se déroulait le scrutin) a ajouté à la confusion.

 

Le camouflet n'en reste pas moins appuyé. En premier lieu pour la Ligue du Nord, empêtrée dans les malversations financières de ses dirigeants. Un dissident, Flavio Tossi, a été élu dès le premier tour maire de Vérone, avec 57,3 % des suffrages, malgré la présence d'une liste soutenue par Umberto Bossi, l'ex-leader charismatique du parti. La ville natale de ce dernier, Cassagno Magnago, la «Bethléem» de la Ligue, est passée à l'adversaire. Dans tous ses fiefs de Lombardie et du Piémont, l'électorat désorienté de la Ligue a reporté ses voix sur les listes civiques.

 

Revers sévères aussi pour le PDL de Silvio Berlusconi. En dehors de quelques localités (Piacenza, Lecce, Catanzaro), le parti recule partout. Il tombe sous les 10% à Vérone, Belluno, L'Aquila. À Parme, l'une des villes les plus riches d'Italie qu'il a administrée pendant quatorze ans, le PDL réalise à peine 4,9% et se fait doubler par le mouvement Cinque Stelle qui réalise un score inattendu de 20%.

 

La bourgeoisie industrielle et commerçante lui tourne le dos en lui reprochant son appui aux mesures d'austérité de Mario Monti. «C'est une défaite, pas une catastrophe», commente son jeune leader Angelino Alfano. «C'est mieux qu'on ne s'y attendait», le reprend Berlusconi depuis Moscou, où il a assisté à l'intronisation de son ami Vladimir Poutine.

«Nous n'approuverons plus des mesures impossibles à voter»

Silence des centristes, durement malmenés par le scrutin. Leur appui inconditionnel à Mario Monti et le manque de visibilité du nouveau rassemblement dont ils ont annoncé la création valent au leader Pierferdinando Casini la réprobation de son électorat traditionnel.

 

Seul le Parti démocrate (PD, gauche) tire son épingle du jeu. Ses listes sont bien placées pour le second tour dans plusieurs grandes villes. Sans pouvoir pavoiser toutefois. «Mario Monti doit maintenant nous écouter», proclame son leader Pierluigi Bersani.

 

Ces résultats écartent la perspective d'élections anticipées avant la fin de la législature, en avril 2013. Ils compliquent en revanche la tâche du président du Conseil qui devra composer avec des partenaires politiques devenus plus exigeants: «Nous n'approuverons plus des mesures impossibles à voter», a prévenu Angelino Alfano.

 

 

LIRE AUSSI:

 

» Beppe Grillo, le champion italien de l'antipolitique

» Roberto Maroni fait main basse sur la Ligue du Nord

» En Italie, les partis mènent grand train

 

 

lefigaro.fr



09/05/2012

A découvrir aussi


Inscrivez-vous au blog

Soyez prévenu par email des prochaines mises à jour

Rejoignez les 26 autres membres