Reformer l’index. Oui, mais comment ? L indexation automatique dans le collimateur de la droite

 

 

 
L´indexation automatique dans le collimateur de la droite

Le système belge d'indexation automatique des salaires est une des principales cibles de la droite ces derniers temps et fait donc la Une de l'actualité quasi en permanence (voir ...6com d'hier). La Libre s'interroge aujourd'hui sur les pistes possibles de réforme de l'index. Notons qu'au Luxembourg, le gouvernement a décidé de limiter le mécanisme à une seule fois par an.
 
 
Réformer l’index. Oui, mais comment ?

 

Laurent Gérard

 

17/04/2012

 

Se mettre d’accord pour savoir si l’on touche à l’indexation automatique des salaires est une chose. S’entendre sur la manière de réformer ce mécanisme bien ancré dans les coutumes belges est une autre paire de manches. D’autant qu’il existe une multitude de possibilités en la matière. Revue non exhaustive.

 

 

1. Le statu quo. Les tenants de cette thèse jugent que si l’on contrôle mieux les prix des produits, à commencer par les produits énergétiques qui ont fortement augmenté en Belgique ces dernières années, on n’aura plus besoin de remettre en cause l’indexation automatique des salaires. Les salaires augmenteraient moins vite, ce qui participerait à la compétitivité de nos entreprises, mais le pouvoir d’achat serait préservé (et c’est bien le principal intérêt de l’indexation).

 

2. Le saut d’index. Ici, on ne revoit pas le mécanisme. On se contente de le mettre entre parenthèses pendant une certaine période, durant laquelle on décide de ne pas indexer les salaires et les allocations. La technique a déjà été appliquée en Belgique, notamment au début des années 80.

 

3. L’index vert. Il s’agit d’exclure du calcul de l’indice qui sert de base à l’indexation des salaires, les produits énergétiques qui y sont encore. Sans tenir compte de l’énergie, les salaires grimperaient moins vite. Et les Belges seraient peut-être enclins à adopter un comportement plus écologique. Peut-être. Ce qui est certain, par contre, c’est que si les salaires augmenteront moins vite, ce ne sera pas nécessairement le cas de la facture énergétique des ménages. A noter qu’en 1994, on a soustrait certains produits du panier de l’indice des prix à la consommation : les boissons alcoolisées, le tabac, le diesel et l’essence. On parle désormais d’indice santé.

 

4. L’index révisé. Il s’agit de revoir les pondérations du panier servant à la confection de l’indice. On pourrait par exemple réduire le poids de l’énergie. Mais à nouveau, cela n’empêcherait pas les prix énergétiques d’augmenter, et le pouvoir d’achat de diminuer. A noter que des adaptations périodiques de l’indice sont prévues. Tous les huit ans, a lieu une révision de la pondération des différents produits. La prochaine aura lieu en 2014. Et tous les deux ans, on revoit la liste des produits. Ainsi, en 2010, a-t-on retiré l’ampoule à incandescence, et ajouté l’ampoule économique, le routeur Wi-Fi ou l’abonnement au fitness.

 

5. L’index négocié. Côté patronal, on n’a rien contre l’indexation, mais bien contre son caractère automatique. On ne comprend pas pourquoi le principal élément de coût pour les entreprises ne puisse faire l’objet d’une discussion. On plaide donc pour une négociation complète entre patronat et syndicat, y compris sur l’indexation des salaires, qui aurait l’avantage de coller à la situation que vivent les entreprises, parfois rose, parfois franchement noire.

 

6. L’index forfaitaire et dégressif. Actuellement, l’indexation automatique fait progresser tous les salaires dans la même proportion, qu’ils soient élevés, moyens, ou bas. Or, les hauts salaires ont-ils réellement besoin de cette indexation pour faire face à l’augmentation du coût de la vie, eux qui ont déjà largement de quoi épargner ? Poser la question, c’est y répondre. D’où la proposition d’un index dégressif au-delà d’un certain plafond, voire d’un index forfaitaire, d’un montant identique pour tous. "Centen in plaats van procenten." Les bas salaires recevraient une indexation proportionnellement plus élevée. A noter que le PS ne veut pas de cette formule, estimant qu’en introduisant une dégressivité, l’indexation perdrait en popularité dans une partie de la population. Le début de la fin de l’index.

 

7. L’index fixe. Le professeur de Finances Gert Peersman (UGent) a imaginé une sorte de système antichoc consistant en une indexation permanente de 2 %, une fois par an et quelle que soit l’inflation du moment, rapporte "Forward", le magazine de la Fédération des entreprises de Belgique. Ces 2 % correspondent à l’objectif fixé par la Banque centrale européenne en matière d’inflation, objectif qu’il atteint en moyenne. Avantage : on garantit le pouvoir d’achat sans devoir perdre en compétitivité, car on évite les effets de second tour (soit l’augmentation des prix consécutive à l’augmentation des salaires, elle-même conséquence de l’augmentation des prix), en dissociant les hausses des prix et des salaires. Par ailleurs, on discipline les fixeurs de prix (surtout dans l’énergie). Car aujourd’hui, il est facile de procéder à une augmentation des prix sachant que celle-ci sera de toute manière répercutée sur les salaires.

 

8. L’index davantage lissé. Actuellement, l’indice lissé qui sert de base à l’indexation des salaires correspond à la valeur moyenne de l’indice santé des quatre derniers mois. Une proposition serait d’étendre ce calcul au-delà de quatre mois, par exemple à un an. Résultat : l’augmentation des salaires serait davantage en décalage avec l’augmentation du coût réel de la vie.

 

9. L’index net. On n’indexe plus le salaire brut, mais uniquement le net. Le travailleur voit donc son pouvoir d’achat préservé, tandis que l’employeur évite de payer davantage de cotisations sociales. Bref, tout le monde y gagne. Tout le monde ? Non, car les caisses de l’Etat s’en trouveraient allégées, puisque des impôts et des cotisations sociales sont aussi payés sur la partie du salaire indexé.

 

 

lalibre.be



17/04/2012

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