ArcelorMittal a menti pour Florange - le spectre de Gandrange

 

Sidérurgie: Arcelor-Mittal a menti pour Florange le 18 Novembre 2011

 

Le haut-fourneau P6 est-il condamné? La question se pose après l'annonce du renvoi à une date ultérieure, sans précision, de son redémarrage. "La direction, qui s'était engagée à remettre en route le P6 début janvier, nous a informés qu'un éventuel redémarrage n'interviendrait au mieux qu'à la fin du premier trimestre 2012", a précisé Edouard Martin, délégué CFDT au comité central d'entreprise du n°1 mondial de la métallurgie.

 

La direction du site mosellan n'a pas souhaité confirmer cette information, renvoyant sur la direction générale du groupe à Paris. Le 4 octobre, le directeur d'ArcelorMittal Florange, Thierry Renaudin, avait affirmé que la "mise en veille" du P6 était "conjoncturelle, temporaire et provisoire". La veille à Paris, le groupe sidérurgique avait annoncé la fermeture "pour une durée indéterminée" du dernier de ses hauts-fourneaux encore en activité en Lorraine. "Ce report de la reprise du P6 est une très mauvaise nouvelle. Elle conforte notre conviction que la filière liquide en Lorraine est morte et que quelque 2.000 emplois vont disparaître dans la région, dont un millier sur les 3.000 du site, 400 emplois chez les intérimaires et plusieurs centaines chez les sous-traitants", prédit Edouard Martin.

 

"En outre, cette décision remet en cause le projet européen Ulcos de captage de CO2 sur le site", souligne le syndicaliste. Ulcos (pour "Ultra Low CO2 Steelmaking - Blast Furnace") est un projet porté par un consortium de 48 entreprises, dont ArcelorMittal, et organisations européennes visant à développer un moyen de réduire de moitié au moins les émissions de CO2 provenant de la production d'acier en les captant et les stockant. La Commission européenne devrait rendre mi-2012 sa décision concernant un éventuel financement de ce projet. Le site de Florange a été choisi pour servir de site pilote, ce qui pourrait améliorer la compétitivité de cette aciérie distancée par d'autres plus performantes.

 

L'acier de Florange. Mise en service en 1948, l'aciérie de Florange est un site intégré transformant chaque année quelque 3 millions de tonnes d'acier en fonte, fer blanc et tôles revêtues pour l'automobile, la construction et l'emballage.

 

ArcelorMittal ferme Florange, mais c'est « temporaire »

Social-Eco - le 10 Avril 2009

social - économie

Sidérurgie . Quelque 300 salariés d'ArcelorMittal ont interrompu le CE extraordinaire pour exiger une date précise de reprise de l'activité.

 

À l'automne, 35 %. En février, 45 %. À présent, 50 %. D'ici à la fin avril, le géant de l'acier va réduire de moitié sa production en Europe, pendant cinq mois au minimum. Mais les syndicats craignent que la durée de chômage partiel ne s'allonge finalement aussi vite que les carnets de commandes se tarissent. Près de la moitié des 2 600 salariés de l'usine ArcelorMittal de Florange (Moselle) seront concernés. Les sites de Montataire (Oise), Mouzon (Ardennes), Dunkerque (Nord), Fos-sur-Mer (Bouches-du-Rhônes) et de Liège en Belgique pourrait également subir de nouvelles chutes d'activité. Le groupe ArcelorMittal, qui peine face à la chute de la demande (ses principaux clients sont l'automobile et le BTP) et sous le poids de son endettement, poursuit ainsi sa politique de réduction drastique des coûts, démarrée il y a plus d'un an.

Hier, à 10 heures, près de 300 ouvriers ont donc occupé un comité d'établissement extraordinaire, qui a dû être ajourné. Ils ont exigé du directeur une date de reprise de l'activité. Dans une « atmosphère tendue », Henri Blaffart leur a assuré que la mise en veilleuse des deux hauts fourneaux de Florange ne serait que « temporaire ». Intervenant au nom de la CGT de Gandrange, où 575 des 1 100 emplois seront supprimés, Jacky Mascelli a prévenu que « l'exaspération des salariés du groupe en Lorraine commençait à se faire sentir » et que « la direction allait s'en apercevoir au cours des jours à venir ». D'autant qu'une partie des ex-Gandrange devait être reclassée à l'usine voisine de Florange...

L'indemnisation du chômage partiel ne pouvant excéder un certain nombre d'heures dans l'année, reste à savoir quelle formule sera adoptée par la direction. D'après la CFDT, le temps réduit indemnisé de longue durée (TRILD), utilisé au début des années 1990, pourrait être ressorti des cartons. Le chômage pourrait alors durer jusqu'à 1 200 heures, au maximum, sur une période de douze à dix-huit mois. Le salarié touche alors 50 % du salaire brut. Pas grand-chose, surtout pour des ouvriers d'un groupe qui a fait 20 milliards de dollars de profits nets cumulés sur les trois dernières années, dont 600 millions de dividendes en 2008, juste pour la seule famille Mittal.

 

Mehdi Fikri

 

 

 

À Florange, 
le spectre 
de Gandrange

 

Près de 1 500 personnes ont manifesté samedi à Hayange (Moselle). Inquiets de l’arrêt du haut-fourneau, salariés et élus réclament le maintien de la sidérurgie en Lorraine.

 

Florange (Moselle), envoyée spéciale.

Opération vallée morte, samedi, à Hayange (Moselle). Près de 1 500 élus, salariés, habitants ont défilé à l’appel de l’intersyndicale CGT, CFDT, FO, CFE-CGC d’ArcelorMittal pour le maintien de l’activité sidérurgique en Lorraine. Avec l’arrêt temporaire du haut-fourneau P6 de l’aciérie de Florange aujourd’hui, qui fait suite à celui du P3 en juillet, sous le prétexte d’une chute des commandes d’acier, le spectre de la fermeture définitive de la société plane. La crainte de voir disparaître le dernier bastion de la filière liquide en Lorraine est dans les esprits. Tout comme le souvenir douloureux de la fermeture de l’aciérie de Gandrange, en 2009.

 

1 511 salariés entrent en chômage partiel

Dès aujourd’hui, 1 511 salariés vont progressivement entrer en chômage partiel à Florange, au haut-fourneau mais aussi à l’agglomération (lieu d’enrichissement du minerai), en passant par le service packaging. Près de 400 sous-traitants et 400 intérimaires seraient poussés vers la sortie. Seuls quelques salariés resteront dans chaque secteur pour entretenir les infrastructures. En 2009, en pleine crise économique, le chômage partiel avait duré cinq mois. Cette fois-ci, il devrait durer a priori jusqu’au 31 décembre 2011. En attendant, Gérard (1), vingt-sept ans, intérimaire, ne sait pas encore à quelle sauce il va être mangé. « On m’a parlé d’un contrat de professionnalisation intérimaire (CPI), mais si ça se trouve, on peut aussi bien me dire au revoir demain. J’ai l’habitude, on nous prend, on nous jette. » Son collègue, Michel (1), trente ans, électricien, cherche déjà du boulot ailleurs. «On n’a pas d’infos, on peut choisir de rester dans l’équipe de maintenance ou rentrer chez soi au chômage technique. Moi, ça ne m’intéresse pas de rester là pour passer le balai !» Avec seulement 90 % de leur salaire et aucune date de reprise, impossible pour les ouvriers d’ArcelorMittal de se projeter. Les syndicats, quant à eux, ne relâchent pas la pression, entre la manifestation de samedi et d’autres opérations comme, vendredi, l’illumination d’une Vierge avec une inscription « SOS » au-dessus de la vallée d’Hayange. Et ils restent méfiants.

« La direction nous met de la pommade en nous disant, “Ne vous inquiétez pas, ça va redémarrer”, mais on reste dans le flou », constate Jean-Luc Graetz, élu CGT au comité d’entreprise. Salarié dans le secteur du haut-fourneau, Sébastien, trente et un ans, avait été reclassé à Florange après la fermeture de Gandrange. Il n’est pas touché par le chômage technique, mais il est déjà prêt à se mobiliser. « Je suis rodé maintenant ! Je sais que Monsieur Mittal fait ce qu’il veut, ce n’est pas le gouvernement qui l’empêchera de fermer le site ! » Une allusion à peine voilée à la visite de Nicolas Sarkozy à Grandrange en 2008. Le président s’était rendu à l’aciérie et avait promis monts et merveilles aux salariés, assurant qu’une solution serait trouvée pour sauver le site. Résultat, l’entreprise avait fermé sans qu’il bouge le petit doigt. Un mensonge dont les Lorrains sauront se souvenir pour la prochaine élection présidentielle.

 

Gandrange, la trahison

 

En février2008, Nicolas Sarkozy, lors d’une visite éclair, 
avait promis de sauver l’aciérie de Gandrange. «Nous sommes prêts à faire le nécessaire, quel que soit le propriétaire, 
car notre objectif, c’est de garder des usines en France (...) 
Soit nous arrivons à convaincre Lakshmi Mittal, et nous 
investirons avec lui, soit nous trouverons un repreneur, 
et nous investirons avec lui.» Il avait promis aux ouvriers 
de revenir leur annoncer la bonne nouvelle. Mais, en mars 2009, 
la fermeture partielle de l’usine et les suppressions 
de 575 emplois ont bel et bien été actées. Et depuis, 
le président n’y a fait qu’une apparition en catimini.

(1) Les prénoms ont été modifiés.

 

Cécile Rousseau



18/11/2011

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