Bruxelles appelle à un nouveau pacte européen d'investissements
Bruxelles appelle à un nouveau pacte européen d'investissements
Le Commissaire aux affaires économiques Olli Rehn estime qu'après avoir mis en vigueur de nouvelles règles strictes de gouvernance économique, le temps est venu de conclure un pacte européen d'investissement. Herman van Rompuy, lui fait le tour des capitales en demandant aux Vingt-Sept, actionnaires de la BEI, de remettre au minimum 10 milliards d'euros au capital de la banque européenne.
Hier soir à l'université VUB de Bruxelles, le Commissaire aux affaires économiques Olli Rehn a livré sa leçon d'économie. Confiance, réformes et investissements sont désormais selon lui les trois voies pour retrouver une croissance durable. Pas une fois, le Commissaire n'a prononcé le mot « austérité ». Le cas de la Grèce mis à part, il a même souligné que l'endettement budgétaire n'a pas été à l'origine de la crise, initialement provoquée par un capitalisme financier débridé, mais bien le résultat de cette crise financière, qu'il a fallu combattre en 2008-2009 par une relance de type keynésienne.
Toutefois, avec un endettement moyen qui atteint désormais 90% du Pib des Etats membres contre 60% quatre ans plus tôt, les remèdes ne peuvent plus être identique et l'enjeu est désormais de casser le cercle vicieux qui s'est installé entre une endettement trop élevé, qui freine la croissance économique, dont l'insuffisance alimente la méfiance sur les capacités de remboursement des Etats membres, ce qu'on appelle « la crise de la dette souveraine ». Pour le Commissaire, trois blocs doivent fonder la politique pour renouer avec la croissance et la création d'emplois. Le premier pilier reste la discipline budgétaire.
« Le pacte de stabilité et de croissance n'est pas stupide, contrairement à ce que prétendent certains politiciens » a-t-il insisté, en rappelant que la Commission Européenne allait faire preuve de discernement pour évaluer à quel rythme chaque pays doit redresser ses comptes et ramener son déficit budgétaire sous les 3% du PIB. Fin mai, elle adressera ses recommandations aux 27 Etats membres en fonction des ses nouvelles prévisions de croissance et des programmes de stabilité et de réformes soumis fin avril par chaque Etats membre.
Le deuxième pilier doit logiquement découler « de la reconnaissance que la crise actuelle n'a pas seulement des racines budgétaires, mais vient aussi de déséquilibres macro-économiques et d'une divergence de compétitivité », et donc s'occuper de réformes structurelles. A cet égard, Olli Rehn a rappelé qu'une douzaine d'études sur les déséquilibres les plus criants (surendettement des ménages, déséquilibres croissant des comptes courants, etc...) avaient été lancées, afin de pouvoir plaider sur les réformes structurelles qui s'imposent.
Enfin à l'heure où le crédit se fait rare, le Commissaire s'est lancé à son tour dans un plaidoyer pour une relance des investissements. « Nous avons besoin d'infrastructures transfrontalières dans l'énergie, le transport, l'innovation, la recherche, la communication », a-t-il déclaré. Faute de moyens budgétaires conséquents, il faut donc mobiliser au mieux les « fonds de tiroir ». D'où cette idée de lancer des « obligations de projets » en combinant les fonds budgétaires restants de la Commission européenne et la capacité d'instruction et de prêts de la Banque Européenne d'Investissement (BEI) pour limiter les risques et débloquer l'investissement privé.
En juin, un accord sera conclu entre les deux institutions pour tester cette technique financière: la Commission Européenne tirera 230 millions d'euros de son budget pour les verser à la BEI, qui utilisera cette somme pour garantir les risques à des investisseurs privés dans le financement de quelques projets d'infrastructures.
En cas de succès, cette phase pilote sera étendue et développée.
Olli Rehn a confirmé que Bruxelles étudiait comment reprogrammer des aides régionales encore non consommées dans ce sens. Comme par exemple en Grèce, où elle a confié des fonds structurels à la BEI, pour créer un fonds de garanties de 500 millions d'euros pour les prêts aux PME, une manière de refaire partir la machine du crédit en Grèce. Toutefois, comme la BEI a atteint les limites des engagements qu'elle peut prendre avec son capital, il faudra la recapitaliser, pour réellement pouvoir lancer un « pacte européen d'investissements ». Le président du Conseil européen Herman van Rompuy fait désormais le tour des capitales en demandant aux Vingt-Sept, qui sont les actionnaires de la BEI, de remettre au minimum 10 milliards d'euros au capital de la banque internationale.
ANNE BAUER, BUREAU DE BRUXELLES
lesechos.fr