Devant la BCE, les indignés allemands ne désarment pas

 

Devant la BCE, les indignés allemands ne désarment pas

 
Dans Actualités AFP, le11 Mai 2012 .
 

Quelques dizaines d'irréductibles manifestants, cousins des indignés espagnols, ont bravé un hiver rude et campent toujours au pied de la BCE, à Francfort, sept mois après. Leur "village" est le plus ancien de ceux installés dans des grandes villes d'Europe, mais la ville aimerait les voir partir. 
 

SCRIPT


Pour les touristes, c'est devenu un passage obligé. En plein centre de Francfort au pied de la BCE, impossible de rater le campement des indignés allemands. Une vingtaine de militants campent ici. Les nuits à moins quinze degré sous la tente en ont fait fuir une bonne partie cet hiver, mais pas Stefan. Et ses convictions n'ont pas changé:


- SONORE Stefan, sur place depuis l'hiver (en allemand, 8 sec):
"On en peut plus, on veut du changement et on ne se sent plus vraiment représentés pas les politiques élus"


La vie de cette petite communauté s'est peu à peu organisée. Canapés et fauteuils récupérés améliorent L'ordinaire. La cuisine est faite à tour de rôle, et une "cyer-tente" permet de tisser des liens avec les Indignés du monde entier.
Les militants ont été rejoints par des sans abri et des chômeurs, qui y trouvent un abri et aussi un contact humain


- SONORE sans abri (en allemand, 8 sec):


'Je me sens un peu plus libre, car je sais que je n'ai pas la pression du loyer à payer et ça aide un peu, quand cette pression s'en va'
Dans une capitale financière allemande tirée au cordeau, les indignés soignent leur image. Même l'électricité et l'eau sont payées dans les règles. Un respect qui explique la longévité du camp

- SONORE Mike, sur place depuis le 1er jour (en allemand, 12 sec):


"Ce rassemblement est enregistré à la mairie et nous n'avons aucun problème avec la police.. Du moins beaucoup moins que dans d'autres pays"
Malgré tout, après sept mois, la ville commence à perdre patience, et met la pression pour les faire partir . Convaincus que la crise leur donne raison, Ecoeurés par le pouvoir des banques et de l'argent, les indignés n'ont eux aucune intention de lever le camp.

SHOTLIST


IMAGES TOURNEES LES 10 ET 11 MAI 2012 A FRANCFORT (ALLEMAGNE)
(Source: AFPTV)


- Divers plans du campement des indignés devant le siège de la BCE


--------------------------

DEPECHE AFP DE CONTEXTE


Dette-finance-économie-social-manifestations-BCE,PREV


Les "indignés" allemands campent depuis sept mois au pied d'une BCE honnie (ACTUALISATION, REPORTAGE)


Par François BECKER



FRANCFORT, 11 mai 2012 (AFP) -

 

Après un hiver glacial, les quelques dizaines "d'indignés" qui campent depuis sept mois à Francfort, au pied d'une Banque centrale européenne (BCE) honnie, affichent une fierté d'anciens combattants et l'espoir de voir leur mouvement refleurir avec le printemps.


"En Europe, nous sommes le seul camp important installé depuis aussi longtemps", relève Thomas, l'un des porte-parole désignés du groupe "Occupy Frankfurt", qui comme beaucoup, ne décline pas son nom de famille.


A Londres, Madrid ou New York de l'autre côté de l'Atlantique, les camps des "Occupy", label mondial qui regroupe des "indignés" bien décidés à défendre leurs idées en occupant des lieux publics, ont déjà été démantelés.


Mais, à Francfort, capitale financière de l'Allemagne et ville de la monnaie unique européenne, ces militants anticapitalistes et leur "Place de la révolution multicolore" se sont incrustés sur les photos souvenir des touristes.


La pression est montée vendredi, la ville leur ayant pour la première fois enjoint de plier bagage, au moins temporairement, le 16 mai.


Décision digne d'un pays comme la Russie "où chaque manifestation démocratique jugée politiquement incorrecte est interdite", s'est empressé de réagir un autre porte-parole, Martin Behrshing.


Pour l'instant, impossible de manquer le village d'une cinquantaine de tentes qui serpente le long d'une promenade plantée et les banderoles accrochées au symbole de la ville, une effigie de l'euro haute de 15 mètres.


Par un bel après-midi de mai, une campeuse vêtue d'une robe ample déambule pieds nus sur le gazon, tandis qu'un groupe de cinq punks discutent, assis sur des canapés.
T-shirt gris, jean et liseuse Kindle à la main, Luke Slater, 21 ans, est l'un des plus jeunes, présent depuis le 1er jour. Le camp "prouve que l'on peut vivre en communauté, travailler tous ensemble", déclare ce Canadien, parti sac au dos découvrir l'Europe, et qui a connu les nuits à -15 degrés de l'hiver francfortois.


"Je suis heureux ici même si ce n'est pas toujours facile de tout garder en ordre", ajoute-t-il. Les tentes sont groupées autour d'un espace cuisine et salon, meublé de fauteuils de récupération, et d'une "tente IT" avec accès à internet.


"C'est comme dans un appartement, tes voisins peuvent te rendre fou", résume-t-il.
Après l'euphorie des débuts, le 15 octobre, où plus de 5.000 militants s'étaient réunis, le soufflé est retombé, et ces fameux voisins ont bien changé.


Les campeurs, au nombre de 100 à 150 avant l'hiver, ont pour la plupart plié bagage. Restent aujourd'hui une vingtaine de militants, ainsi qu'une cinquantaine de personnes sans-abri qui y ont trouvé refuge.


Sur place depuis décembre, un Portugais de 23 ans qui se fait appeler "The Spirit", est là car il "n'avait pas d'appartement". "Je suis pour plus de paix, plus d'harmonie, et d'unité", explique-t-il, s'excusant de ne pas pouvoir argumenter plus "clairement", contrairement à ses amis militants.
Les campeurs rencontrés se réjouissent des liens tous azimuts qu'ils ont pu tisser, entre militants anti-frontières, anti-capitalistes ou défenseurs de la cause animale.


Le secret de la longévité du camp? "Nous sommes pacifiques et coopérons avec les autorités", se réjouit Thomas Drillich, un informaticien en congé longue maladie, qui passe ses journées sur le camp mais n'y dort pas.


Depuis le retour des beaux jours, les campeurs nettoient leur domaine. Une benne a retiré le gros des déchets, un potager "anti-Monsanto" est en cours de plantation.
Les organisateurs ont interdit la consommation d'alcool sur place, l'électricité et l'eau sont payés grâce aux dons, et la municipalité contrôle régulièrement l'état des lieux.


----------------
FIN



16/05/2012

A découvrir aussi


Inscrivez-vous au blog

Soyez prévenu par email des prochaines mises à jour

Rejoignez les 26 autres membres