ArcelorMittal à Liège, l’un des berceaux de la sidérurgie européenne, avait mis à l’arrêt ses deux hauts-fourneaux en mai 2008. L’un des deux a été redémarré en avril 2010, mais a dû être de nouveau arrêté en août dernier pour des raisons de maintenance, mettant au chômage quelques 581 travailleurs, en principe pour un mois.
Le groupe a toutefois indiqué ces dernières semaines qu’en raison de la baisse de la demande, il ne relancerait pas sa phase à chaud liégeoise (les deux hauts fourneaux et la coulée continue) durant le quatrième trimestre 2011.
En compensation, les syndicats ont réclamé le maintien de l’ensemble des travailleurs intérimaires employés à Liège, alors que la direction ne souhaite en conserver que ?, ainsi que le paiement des dimanches non-prestés pour le personnel mis en chômage temporaire.
Ces demandent ne peuvent tout simplement pas être rencontrées, a affirmé M. Botton.
Dans l’après-midi, les syndicats, qui craignent que la fermeture de la phase à chaud ne soit définitive, ont décrété un mot d’ordre de grève totale au sein des différentes usines d’ArcelorMittal à Liège.
Les travailleurs d’ArcelorMittal ont envahi les bureaux de la direction, à Liège. La réunion de la dernière chance ayant au préalable échoué.
La « réunion de la dernière chance » programmée ce lundi matin entre syndicats et direction d’ArcelorMittal, à Liège, a échoué. Dans la foulée, les travailleurs ont envahi les bureaux de la direction, a-t-on appris de source syndicale.
Les deux parties ne sont pas parvenues à s’entendre sur les deux points litigieux; à savoir le respect de la convention de 2004 sur le maintien des rémunérations en cas de chômage technique et le maintien d’un nombre suffisant de travailleurs temporaires au sein de l’entreprise.
Les travailleurs, qui disent souhaiter la poursuite des négociations, se sont rassemblés à l’issue de la réunion au Centre Acier, siège de l’entreprise, à Flémalle. Ils ont envahi les locaux de la direction générale, au 4e étage du bâtiment.
"Le bruit commence à courir que l'arrêt de la phase à chaud pourrait être définitif et la direction ne fait rien pour rassurer les travailleurs", souligne Robert Rouzeeuw, président de la délégation FGTB-Metal.
Extraits de Presse
Voilà, ça c’est techniquement ce qui s’est dit. Maintenant passons à un niveau plus humain. AVERTISSEMENT: Cette histoire est inspirée de faits réels!
Mon mari reçoit un SMS… Il m’appelle, dix minutes plus tard nous grimpons dans la voiture, direction le centre acier de Flémalle. Je pourrais intituler cet article « Un mouvement de mauvaise humeur », à la base, c’est ce qui était prévu, simplement rassembler les troupes au pied du bâtiment pour signaler à la direction que nous n’étions pas dupes de leur petit jeu. En d’autres termes, faire pression pour que Da Silva et compagnie prennent conscience que nos délégués ne sont pas seuls au monde. Bien, la journée avance, il fait beau, on discute entre nous remplis d’espoir puis on attend encore. Arrive l’heure de la sortie scolaire (déjà), on s’arrange avec les grands-parents (merci) et on attend de nouveau… Cette fois, arrive l’heure de la sortie des bureaux et là, on ne s’arrange plus du tout ! C’est le blocage complet. Personne ne sort de sa cage de verre. Ah bon ! Les délégations syndicales font des allées et venues entre les bureaux, ascenseurs, les GSM finissent par exploser. Boom ! La nouvelle tombe, c’est en front commun que l’on vient annoncer aux travailleurs que la direction ne veut pas honorer ses engagements et le mot d’ordre de grève est donné. Ça, c’est pour le premier volet de l’histoire, ensuite ça se complique.
Faisons une parenthèse, voulez-vous. Concrètement, un mot d’ordre de grève, ça change quoi ? Les usines sont à l’arrêt (mise en sécurité des machines), tu bloques l’entrée de certaines entreprises donc : tes chaussures ont des marques de pneus, tu gagnes deux balles par jour (si tu enlèves l’essence et la nourriture, lèches les briques, tu seras plus riche) ; comme tu fais le piquet tu te les gèles, sans compter les heures que tu passes sur place, c’est comme si tu faisais douze heures au lieu de huit, je te passe les joies de la mauvaise réputation ou encore celles de tout ceux qui ne t’approuvent pas ou ne te comprennent pas. En quelques mots, si tu décides de te « pointer » réellement en grève, ça implique un peu de tout ça et j’en ai oublié.
Pourquoi l’avons-nous fait ?
Parce qu’une grève n’est pas un jeu. C’est un acte réfléchi qui a des conséquences sur nous, notre famille. Une grève est le dernier recours que nous ayons pour faire entendre nos voix et c’est sans doute pour cela que les sacrifices qu’elle demande sont si durs, si lourds à porter. Faire grève permet de montrer l’union des travailleurs, la motivation qui fait leur force pour défendre leur outil de travail. Faire grève n’est pas un acte négatif envers le patron, il lui prouve combien les personnes embauchées sont attachées au bon fonctionnement et à la qualité de ce qu’ils produisent. Un travailleur respecté, reconnu dans son labeur et son individualité est un travailleur efficace et consciencieux. Comprendre, apprendre les uns des autres est une nécessité que l’on découvre aussi parfois au cours de certaines grèves. Pour toutes ces raisons, nous avons décidé de faire grève au centre acier. Parce que ce jour-là, la direction ne nous a pas donné d’autre alternative pour nous faire entendre.
Reprenons le fil de ce récit. Le soleil se couche, nous sommes plus de deux cents métallos répartis sur le site. Un bruit court… Da Silva et ses cinq collaborateurs ne souhaitent pas sortir de leur bureau. Mhhh…. Ok, les médias traduiront par : « La direction du centre acier est séquestrée par les syndicats ». Moi, perso j’y étais, je suis montée au quatrième étage et la porte du bureau n’était pas bloquée par une chaise, hein ! Je voyais même les « collaborateurs » sortir du bureau pour aller aux toilettes. Pour des « prisonniers », y a pire. Soit, la nuit est tombée, il commence à faire un peu frais, premier feu de camp ou de palette et deuxième barbecue. Le barbecue, faut que je vous dise quand même, très improvisé le truc, un morceau de tôle recourbée, une grille. Mais qu’est-ce que c’est bon quand on a très faim. Alors qu’il y en a qui se plaignent au quatrième étage, eux ils ont bien chaud assis sur le canapé en cuir…
Ha ! L’histoire des pizzas… Très exagérée par ces messieurs de la direction. Pour commencer, quelle idée de commander des pizzas ! Vous avez deux cents personnes qui ont les dents qui raclent le sol et vous pensez sincèrement que cinq pizzas vont passer inaperçues sur le parking ensuite, dans le hall et devant les ascenseurs dans les mains d’un livreur absolument incognito dans sa combinaison. Allons, soyez sérieux un instant. Par souci d’équité, comme le panier à promesses de la direction est vide au sujet des intérimaires et du reste, les camarades ont fait porter les boîtes vides également dans le bureau de monsieur Da Silva avec l’explication inscrite à l’intérieur. Mais ça, la direction ne l’a pas dit aux médias ! Elle s’est plainte de ne pas avoir eu sa commande, « sa nourriture ». Mais elle se moque royalement des familles qui ne pourront pas manger correctement à cause du panier vide qu’elle nous laisse !
La nuit fut longue, personne n’a dormi, nous étions trop inquiets pour l’avenir. Les camarades faisaient eux aussi des allées et venues entre le quatrième et le parking, histoire de prendre l’air. À l’aube, l’espoir de renouer un dialogue restait présent. Mais nous étions prêts aussi à entamer une lutte s'il le fallait.
Le matin on peut pas dire que je sois toujours d’une humeur charmante, surtout s'il est six heure du mat' et que : mes vêtements « puent les palettes brûlées », que j’ai un klaxon qui fait « la koukaracha » dans le crâne et que je mangerais un bœuf avec les sabots ! Bref, j’avais la tête dans… dans mon café et là, je vois un de ces messieurs de la direction sortir pénard avec des croissants. Tu le crois ça ! Moi aussi je veux faire Alcatraz si on m’apporte des croissants, pains au chocolat et sandwichs le soir. En plus, je peux même pas y toucher, demande expresse des délégués. Je me lève gentiment de la banquette qui accueillait ma dépouille de manifestante et j’interpelle poliment, sans rire (j’avais pas envie, trop faim) ce monsieur qui me regardait comme Claude François qui sort de sa baignoire.
- Je lui demande donc : «Monsieur a eu la chance de trouver de quoi se sustenter ? »
Là c’est plus Cloclo qu’il pense voir mais E.T… Et oui, ça cause français les prolos !
- Sur un ton des plus déplaisants et hautains, il décide de clouer le caquet à cette importune : « C’est une basse lutte que celle-ci » (je suppose qu’il faisait encore allusion à sa pizza, ça risque de devenir un trouble obsessionnel compulsif, faut faire gaffe à ça.)
- Comme dirait mon homme, je lui fais un tacle propre dans les règles en lui jetant tranquillement à la face : « Comme toutes vos luttes Monsieur »
Sur ce, il a continué son chemin, pris un café, repassé sur mes pieds comme un sagouin et rentré dans leur bureau qu’ils affectionnent tant. Fin de la joute verbale.
Il s’est passé bien d’autres choses cette journée-là. Da Silva and Co ont décidé de sortir du bâtiment pour regagner leur véhicule et rentrer chez eux. Ils ne voulaient plus parler avec nous. À noter que dès le départ, on parlait à un mur.
Je ne peux pas tout raconter sur cet épisode mais un des faits les plus marquants et qu'a relayé la presse, ce sont les dires de la direction sur la façon dont les sidérurgistes les avaient malmenés ; nous avions, aux yeux des citoyens, perdu notre crédit confiance alors que dans l’histoire, les victimes, c’est nous. Je tiens à signaler qu’aucune plante verte, qu’aucune vitre, n’ont été secouées, brisées ou psychologiquement éprouvées durant ces dernières vingt-quatre heures !
Votre camarade de lutte
Nerfs d'Acier