A Liège hier matin, c’était l’effroi : UPS, le groupe américain de livraison de colis, va racheter son homologue néerlandais TNT Express et, du coup, Liège-Airport est menacé. En effet, la présence du centre de distribution européen de TNT Express sur le tarmac de Bierset risque de faire doublon avec le "hub" d’UPS situé à Cologne, soit à quelques dizaines de kilomètres de la Principauté.

Les travailleurs de TNT à Bierset (2 200 emplois directs) avaient déjà fait part de leurs craintes ces derniers jours à l’égard des conséquences de cette OPA amicale qui devrait renforcer encore un peu plus UPS dans sa position de leader mondial du secteur.

Mais très vite, UPS, lors d’une conférence de presse, s’est voulu rassurant. Rien ne changera pour le site liégeois, Bierset continuera à jouer un rôle dans le futur réseau européen de transport de marchandises. Lequel précisément ? Sera-t-il de même envergure que celui que TNT Express a conféré à Liège ?

Pas sûr du tout. Les syndicats attendent désormais le comité d’entreprise européen de ce mercredi pour obtenir des garanties sur ces déclarations plutôt rassurantes, à ce stade en tout cas. Le ministre wallon en charge des aéroports, André Antoine (CDH), a également souhaité rencontrer UPS.

Mieux vaut en effet avoir des certitudes sur la question car TNT Express représente encore environ 40 % des tonnes de fret qui transitent par Liège Airport, le 7e aéroport européen pour le transport de marchandises. On est heureusement loin des 90 % que TNT "pesait" initialement.

Sans vouloir jouer les oiseaux de mauvais augure, le rachat de TNT Express par UPS donnera très probablement lieu à des rationalisations et autres économies d’échelle. En effet, il faudra bien récupérer quelque part la prime de plus de 50 % de la valeur du titre que UPS se propose de payer dans cette OPA Et deux "hubs" européens à 100 km de distance ne pourront cohabiter au sein d’un même groupe.

Il faudra faire des choix. Face à la puissance politique et économique allemande, la Wallonie n’aura que peu d’arguments à opposer. Quelle ironie... Pour rappel, TNT s’était installé à Liège en 1998 après avoir délocalisé ses activités de... Cologne. Si Cologne reprenait le trafic "liégeois", ce serait donc un tragique retour de manivelle.

Ceci dit, UPS n’a de toute façon pas assez d’équipements en Europe et affirme avoir besoin de ceux de TNT à Liège : les avions, leur maintenance, la piste et le centre de tri. On ne peut cependant exclure que ces déclarations apaisantes visent essentiellement à "endormir" une grogne syndicale à Liège. Pour le même prix, UPS pourrait tout aussi bien redispatcher le matériel liégeois un peu partout en Europe.

Attention, la partie n’est pas jouée. Sur l’hypothèse d’un transfert, même partiel, du trafic de TNT Express vers Cologne, un argument plaide en faveur de Liège : l’aéroport allemand ne dispose que d’une seule piste et ne pourrait accueillir une telle charge supplémentaire (plus de 40 avions TNT décollent et atterrissent chaque nuit à Bierset).

Décidément, la région liégeoise accumule les mauvaises nouvelles ces derniers mois. Fin définitive de la phase à chaud chez ArcelorMittal, délocalisation de Meister (équipement automobile), menaces pesant sur la réalisation du très stratégique Trilogiport (plateforme logistique multimodale) au bord du canal Albert...

Si, en plus, TNT Express devait quitter ou même réduire la voilure en région liégeoise, l’impact d’une telle décision serait dramatique. Sur l’emploi direct et indirect évidemment. Mais aussi sur d’autres projets phares, tels que le transport de marchandises par TGV (réseau Eurocarex). Un arrêt est prévu à Liège-Airport mais, sans TNT Express, la rentabilité du futur site de transport express par rail sera mise en péril. Et l’arrêt du TGV Fret à Liège tombera certainement dans les oubliettes de l’histoire

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