Blocage en Grèce: vers une sortie de l'euro ?
Blocage en Grèce:
vers une sortie de l'euro ?
09/08
La Grèce risque de sortir de la zone euro si elle dénonce les accords passés avec l'UE et le FMI pour la sauver de la faillite en échange de son ajustement budgétaire, a mis en garde mercredi le conseiller économique du gouvernement grec sortant. Jeudi, elle recevra cependant comme prévu un versement de 5,2 milliards d'euros de ses créanciers publics.
Ce versement aura lieu en dépit de l'incertitude politique qui pèse sur le pays, mais le versement des prochaines tranches d'aide est en question a averti mercredi un ministre européen.
"Le versement aura lieu car il a déjà été approuvé" par les bailleurs de fonds, a affirmé mercredi un porte-parole de la Commission européenne, Amadeu Altafaj, interrogé par l'AFP pour savoir si la Grèce recevrait comme prévu les 5,2 milliards d'euros qui doivent lui être versés le 10 mai.
Le conseiller économique du gouvernement grec sortant, Ghikas Hardouvelis, avait exprimé des inquiétudes un peu plus tôt mercredi. "Il y a des questions sur le versement ou non de cette aide", avait-il dit.
Incertitude
Au-delà de cette échéance, cependant, c'est l'incertitude. Le ministre luxembourgeois des Affaires étrangères, Jean Asselborn, a averti mercredi qu'aucun argent ne sera versé sans formation d'un gouvernement.
"Nous devons dire à présent au peuple grec que la situation est sérieuse, qu'aucun pays de l'Union européenne ne pourra débloquer ne serait-ce qu'une parcelle de ces 130 milliards d'euros que nous avons mis à la disposition des Grecs s'il n'y a pas de gouvernement en état de fonctionner, qui respecte les règles établies et gère l'argent qui est versé", a-t-il dit lors d'un colloque à Bruxelles.
Le sujet devrait être à l'ordre du jour de la réunion des ministres des Finances de la zone euro lundi.
Dilemme grec
"Si nous disons non à tout, nous sortons de la zone euro", a prévenu Ghikas Hardouvelis, qui a conseillé pendant sept mois le chef du gouvernement Lucas Papademos.
Le pays, dont l'électorat a massivement rejeté dimanche l'austérité dictée par l'UE et le FMI, "a une marge de renégociation" sur le contenu des mesures qu'il doit prendre d'ici à 2015, "mais il ne faut pas la surestimer et penser que tout d'un coup quelque chose a changé en Europe parce que le peuple ici a crié non", a ajouté cet ex-banquier, interrogé par la radio Skaï.
"Nous avons vu les réactions des dirigeants européens (...) la seule chose qu'ils disent est que la Grèce se dirige vers la sortie de l'euro", a-t-il insisté, jugeant qu'il revenait aux Grecs de "rentrer dans la logique" de leurs partenaires "car c'est eux qui donnent de l'argent".
Ghikas Hardouvelis commentait l'appel à une dénonciation de l'accord de prêt liant Athènes à ses bailleurs de fonds UE-FMI lancé par le Syriza (gauche radicale grecque), qui tente actuellement de former un gouvernement après les élections de dimanche qui ont propulsé ce parti au rang de deuxième force politique du pays.
Son dirigeant, Alexis Tsipras, a exclu mardi la formation d'une coalition soutenant le programme d'austérité, renforçant le scénario de nouvelles élections sous environ un mois.
Impasse
De leur côté, les chefs des deux partis gouvernementaux socialiste et conservateur ont aussi indiqué vouloir renégocier les termes du programme de redressement assigné au pays, sur lesquels ils s'étaient engagés par écrit avant d'être désavoués par les électeurs.
Même si le pays renonçait à servir sa dette en renonçant à l'argent européen, comme le réclame M. Tsipras, "il ne le pourrait pas, car nous n'avons pas de quoi payer salaires et retraites", a mis en garde Ghikas Hardouvelis.
"Quelqu'un doit nous donner de l'argent", sinon, "le pays va s'écrouler, les frontières se fermer (...) c'est ce que nous essayons d'éviter", a-t-il insisté.
Il est par ailleurs convenu que l'accession au pouvoir en France du socialiste François Hollande allait contribuer à ce qu'un "accent soit mis sur la relance et la croissance" en Europe.
AFP
A lire aussi
rtbf.be