Lettre ouverte au gouvernement et patrons

Nous avons manifesté le deux décembre à Bruxelles contre l’austérité. Quatre-vingt mille citoyens dans les rues, les sidérurgistes en tête de cortège. Nous avons manifesté le sept dans la cité Ardente, près de quarante mille citoyens ont battu le pavé aux côtés des métallos. La première fois les politiques se sont sentis obligés de recevoir une délégation syndicale par crainte d'être mis à mal.

La deuxième en revanche, fut passée sous silence. Dans les journaux télévisés comme dans la presse écrite, le sujet est passé à la va-vite. Il n’y en avait que pour le nouveau chef du gouvernement qui était en train de prêter serment au roi et à la patrie.

Nous voici à nouveau trahis par patrons et partis. La manifestation liégeoise d’après ArcelorMittal est « inutile et néfaste pour Liège ». À ça je répondrai, Monsieur, comme disait Montaigne ; « sur le plus beau trône du monde, on n’est jamais assis que sur son cul ! » Traduction, il est dans les veines des Liégeois de résister à l’oppresseur, révisez vos cours d’histoire. Ensuite, votre trône basé en Belgique est un siège éjectable, nous ne voulons plus de vous, ici. Vous n’êtes pas au-dessus des lois, Monsieur ! 

Sachez également que le clivage entre le chaud et le froid n’existe pas. Pas plus que celui entre les bassins, Liège, Charleroi, la Louvière etc. les sidérurgistes sont cousins, nous ne nous mangeons pas entre nous, contrairement à vous. La solidarité de la population et l’union des travailleurs devraient commencer à vous faire peur…

À force de prendre les gens pour des cons, vous transformez des moutons en lions. Ne vous méprenez pas, personne ne menace qui que ce soit. Il s’agit d'une réalité que VOUS avez instaurée. Entre l’austérité et notre sidérurgie qu’ils assassinent sans un cri…

Nous sommes tous concernés, une fois Cockerill enterré, notre cité s’éteindra comme Gandrange, il sera trop tard pour pleurer, tout sera terminé.

Mais vous, vous serez encore ministres, patrons, vous nous jouerez du violon ! On en veut pas de votre pitié, nous on veut TRAVAILLER.

Comprenez ceci  : COCKERILL EST A NOUS.  

La misère chargée d’une idée est le plus redoutable des engins Révolutionnaires. Victor Hugo

Qui sème la misère récolte la colère !

Nerfs d’acier

Malgré l’importante mobilisation mercredi dans les rues de Liège en soutien aux travailleurs d’ArcelorMittal, les inquiétudes quant à l’avenir des hauts fourneaux d’Ougrée et de Seraing persistent. Car rien n’a avancé, pas même le dossier de l’aciérie de Chertal.

Le cri de ''MITTAL GO HOME !'' est-il le dernier râle d'une sidérurgie qui meurt ? Pour s'interroger moins brutalement, à quoi ce défilé a-t-il pu servir ?

A rien, c'est la réponse de la direction du groupe: elle l'a dit avant même de mesurer l'ampleur de la mobilisation et de la solidarité de la région liégeoise.

A pas grand-chose, c'est une évidence, au niveau des procédures: la phase d'information de l'intention de fermeture va se poursuivre, avec toute sa lenteur, avec une troisième réunion, qui reste convoquée pour dans quinze jours.

Mais au-delà ?

Le syndicat des employés techniciens et cadres a profité de l'occasion pour taper et retaper sur le clou, réaffirmer sa proposition de mettre sous statut public les hauts fourneaux et l'aciérie. Les politiques ne peuvent plus ignorer cette revendication, légitimée, en quelque sorte, par les milliers d'oreilles qui l'ont écoutée, et les milliers de mains qui l'ont applaudie.

La présence, dans le cortège, du nouveau vice-président du parti socialiste, de l'un ou l'autre parlementaire démocrate humaniste ou même écologiste tient-elle du symbole, ou constitue-t-elle un soutien ? C'est la question de l'après manifestation.

Rappelons que cette manifestation s’est inscrite dans le cadre d'une journée européenne contre la course au profit qui régit désormais le numéro un mondial de la sidérurgie.

Michel Gretry