François Hollande pose ses conditions à Angela Merkel

 

 

François Hollande pose ses conditions à Angela Merkel

 

 

16/05

 

 

Il est en retard. Mais, pour une fois, ce n'est pas sa faute. Attendu à Berlin mardi à 18 h 30, François Holland y a débarqué vers 19 h 45. Touché par la foudre, l'avion présidentiel avait été contraint de retourner se poser à Villacoublay.

 

Alors qu'il arrive sur le perron de la Chancellerie, Angela Merke est là pour l'accueillir. Ils n'échangent qu'une poignée de main. Pas d'accolade, comme l'avait fait Nicolas Sarkozy en 2007, déstabilisant son interlocutrice. Un peu raide, le président novice découvre le protocole: d'un geste de la main, la chancelière le guide lors du passage en revue des troupes. Il cherche ses marques à côté d'elle et manque de la bousculer sur le tapis rouge.

 

À peine investi en tant que président, François Hollande, comme son prédécesseur il y a cinq ans, a tenu à souligner l'importance symbolique et l'enjeu du couple franco-allemand en consacrant à Angela Merkel sa pre­mière visite de chef d'État. «Je ne la connaissais pas, même si sa réputation avait franchi la frontière depuis longtemps», a-t-il déclaré à l'issue d'un entretien de plus d'une heure, avant un dîner de travail.

 

La chancelière n'avait pas souhaité rencontrer le candidat socialiste durant la campagne pour marquer sa défiance vis-à-vis d'une renégociation du pacte de stabilité budgétaire. Le sujet figurait évidemment au menu de la rencontre. «J'ai dit dans la campagne, je le répète encore aujourd'hui, que je voulais renégocier le traité pour intégrer une dimension de croissance», a rappelé François Hollande.

 

Avant son élection, il menaçait de ne pas ratifier le texte si celui-ci n'était pas modifié pour y inclure une relance de la croissance européenne. Mardi, il a ouvert la voie à un compromis: «La méthode dont nous avons convenu consiste à mettre toutes les idées, toutes les propositions sur la table et à voir ensuite quelles sont les traductions juri­diques pour les mettre en forme.» Tout oppose a priori le socialiste attaché à la relance et la conservatrice arc-boutée sur la discipline budgétaire. Mais, de toute évidence, le chef de l'État ne veut pas braquer d'emblée sa partenaire.

 

«Nous avons des approches différentes pour parvenir à la croissance, mais nous allons partager nos idées pour voir ­quelles sont les différentes pistes pour stimuler la croissance», lui a répondu la chancelière. François Hollande a évoqué l'amélioration de la compétitivité et les eurobonds. Pour rassurer les Allemands, il s'est dit soucieux du «sérieux du budget». Mais, a-t-il poursuivi, «c'est parce que je suis pour le sérieux budgétaire que je suis pour la croissance».

 

L'heure n'était pas, mardi, au règlement des problèmes de fond qui se sont accumulés. «Cette réunion avait pour vocation de mieux nous connaître, établir une relation, fixer une méthode de travail», a conclu le président français. Parmi les questions brûlantes, la crise en Grèce ne pouvait être éludée, dans un contexte où sa sortie de la zone euro est désormais envisagée. «Les Grecs doivent savoir que nous viendrons vers eux pour leur permettre d'assurer leur place» dans l'eurozone, a assuré Hollande. «Je suis d'accord pour dire que la Grèce doit rester dans la zone euro», a complété Merkel, en souhaitant, pour sa part, des «réformes structurelles».

 

Condamnés à s'entendre

Le chef de l'État et la chancelière se retrouveront dès vendredi au sommet du G8 de Camp David, puis, dans la foulée, à celui de l'Otan, à Chicago. Surtout, tous deux se reverront le 23 mai pour un sommet informel des chefs d'État et de gouvernement européens à Bruxelles. Et, fin juin, au Conseil européen, «Français et Allemands présenteront ensemble leurs idées pour la croissance en Europe», a promis Angela Merkel.

 

Malgré ses différends, le nouveau couple Hollande-Merkel est condamné à s'entendre. À l'orée de son mandat, le président français ne peut se permettre d'échouer sur l'une de ses promesses les plus ambitieuses, la réorientation de l'Union européenne. De son côté, la chancelière, à un an des législatives, est dans l'obligation de renforcer ses positions face à une opposition sociale-démocrate qui redouble de critiques contre la politique d'austérité. Dans l'entourage présidentiel, on note que la victoire électorale du SPD en Rhénanie-du-Nord-Westphalie, dimanche dernier, prive Angela Merkel d'une majorité dans les deux Chambres du Parlement.

 

 

lefigaro.fr



16/05/2012

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