Pour que l on arrete d expliquer la finance par des Nuls 28 nov 2011
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Pour que l’on arrête d’expliquer la finance par des "Nuls"
Vu l’actualité politique immédiate, on se serait attendu à ce que cet édito traite du « grrrrand accord » conclu par les trois grandes familles politiques pour « sauver le Pays ». Or, l’encre de cet accord n'est pas encore sèche que l’on nous dit déjà que les 11,3 milliards d’Euros d’économie ne seront sans doute pas suffisants ! La faute à qui?
La faute aux agences de notation qui dégradent la note de la Belgique et la faute aux marchés financiers qui augmentent encore le taux d’intérêt payé par l’Etat pour se refinancer.
Or, cette semaine, une polémique a été lancée par les médias autour du taux (4 %) offert au public sur les bons d’Etat.
Des « analystes financiers », d’ailleurs tous appointés auprès d’institutions financières privées, sont venus nous dire, la bouche en cœur, que ce taux n’était pas suffisant et que d’autres produits financiers plus attractifs existaient.
Une petite comparaison s’impose : pour une période de 5 ans, le taux offert pour les bons d’Etat est donc de 4%, alors que le bon de caisse Dexia est de 3%, que le bon de caisse BNP (ex-Fortis) est de 3% et le bon de caisse Delta Lloyd 3,15% !
L’Etat propose donc un rendement supérieur à ce que le secteur financier privé offre pour des produits similaires.
Le secteur financier, sauvé de la banqueroute par l’intervention des Etats en 2008, donc par l’intervention des impôts des citoyens, offre quasiment 1% de moins que l’Etat à ses propres clients !
Pourquoi, dès lors, cette levée de boucliers de ces économistes ?
Parce que le secteur financier, en percevant directement l’épargne des citoyens pour son propre compte l’utilise en le prêtant à l’Etat à des taux largement supérieurs !
Ainsi, le taux des OLOs (Obligations linéaires – Lineaire Obligaties) à dix ans était de 5,69 % jeudi 24 novembre 2011.
Autrement dit simplement, la banque, qui place l’épargne des citoyens auprès de l’Etat à 5,69 %, offre du 3 % à ses clients (et garde donc 2,69 % pour elle), alors que l’Etat offre du 4%. Et, qui plus est, la même banque se refinance auprès de la Banque Centrale Européenne à du…1 % !!! Cherchez l’erreur !
On comprend dès lors la volonté du secteur financier de ne pas promouvoir les bons d’Etat !
Dans ces circonstances, les Etats sont devenus les « vaches à lait » du secteur financier ! Et le lait, ce sont les impôts des citoyens !
Pour donner une idée de ce que cela représente en argent sonnant et trébuchant : la dette fédérale en Belgique s’élève aujourd’hui à 355,6 milliards d'euros. Un pourcent d’intérêt payé en plus ou en moins sur cette dette représente donc 3,556 milliards d'euros !
Les montants en jeu sont donc colossaux.
Les médias n’ont rien compris : comment donner encore crédit à ces experts financiers qui ont conduit le système bancaire à la faillite ?
Rétablir un lien direct entre l’Etat et les épargnants particuliers et associatifs est plus que nécessaire. Ce lien direct fut d’ailleurs très longtemps l’une des forces de notre pays : la dette de l’Etat belge était détenue très majoritairement par des ressortissants belges. Autrement dit, ce sont les citoyens belges qui se prêtaient de l’argent à eux-mêmes. Dans ce cadre, le poids des marchés financiers internationaux était quasiment inexistant !
On peut dire que ce mécanisme a été abandonné à partir des années 2000. Est-ce un effet de la politique du Ministre des Finances Reynders ?
Alors, pourquoi ne pas aussi imposer aux banques implantées en Belgique des quotas de placement de ces bons d’Etat dans le public ?
Réguler très fortement le système financier est l’une des revendications portées par la gauche et surtout par la FGTB. Contraindre le secteur financier à redevenir ce qu’il n’aurait jamais dû cesser d’être (un simple intermédiaire entre épargne et investissement) est une condition sine qua non pour que l’économie retrouve un semblant de stabilité.
On nous dit souvent que pour ce faire, il faut que cela se fasse à un niveau international : voici un exemple où la Belgique et son très prochain gouvernement pourrait agir seule !
Bernard BOLLY, avec Victor FABRY