CoEE ArcelorMittal: Projet de fermeture de la phase à chaud de Liege.

 

 

CoEE ArcelorMittal : Avis du Comité restreint du 15 mars 2012 sur le projet de fermeture de la phase à chaud de Liège

 

15/03/2012

 

 

Le Comité restreint, après avoir pris connaissance du rapport Syndex  sur ce sujet et après avoir entendu les réponses de la Direction générale du Groupe ArcelorMittal lors du débat consacré à ce même projet, condamne et s’oppose avec la plus grande fermeté au projet de fermeture de la phase liquide de Liège.

 

 

Il estime que cela n’est qu’une première étape d’une stratégie de désindustrialisation sidérurgique européenne du Groupe et donc d’une vague de fermetures programmées. Aujourd’hui Liège ! Demain Florange ou Sestao ?

 

 

C’est aussi, assurément, un pas déterminant dans le démantèlement complet du secteur du «froid» à Liège ; c’est tout le bassin industriel qui progressivement risque d’être détruit à moyen terme.

 

 

Les réponses lacunaires de la Direction à nos questions, sa volonté d’écarter le Consultant de la connaissance de multiples points  (dont surtout la politique commerciale), son silence sur les perspectives…indiquent bien son embarras à justifier rationnellement cette fermeture.      

                   

 

Il s’agit bien, en fait, du résultat d’une stratégie mûrement réfléchie que nous avons souvent dénoncée. Nous  l’avons exprimé  dans notre « journée de mobilisation du 7 décembre 2011 »  au plan européen.

 

 

La Direction générale du Groupe mène une campagne d’intoxication pour  justifier sa décision en évoquant la non-viabilité économique de Liège. Cet argument a été démoli par notre expert qui a démontré qu’ArcelorMittal étrangle sa propre sidérurgie en imposant des prix forts pour les matières premières (minerai de fer surtout) provenant des mines qu’il possède lui-même. Le consultant a démontré qu’en répartissant les productions de fonte entre les sites Européen (comme cela se réalisait depuis 2009) et en fournissant ses matières premières moins chère (cost + comme cela se fait dans les Plats Carbone Amérique) la viabilité économique et financière de Liège ainsi que des autres entités serait assurée.

 

 

Obnubilée par l’exigence  à court terme de bénéfices plantureux, la famille Mittal n’hésite pas à sacrifier des pans entiers de son patrimoine industriel pour maintenir des prix élevés, en exigeant des outils en service, des niveaux de production qui vont les mettre en péril.  Devant de tels agissements, d’autres sites ne  tarderont pas à connaître, hélas aussi de gros problèmes.

 

 

En arrêtant la phase liquide de Liège, ArcelorMittal en condamne aussi les usines du froid. Il est bien démontré que seule une sidérurgie intégrée peut, permettre de  disposer en temps, en qualité et en volumes des livraisons nécessaires pour satisfaire les attentes des clients.

 

C’est d’ailleurs cette analyse qui avait conduit Mr Mittal à relancer les hauts-fourneaux liégeois. L’alimentation par Dunkerque est très insatisfaisante et aléatoire. Amenée à servir cinq sites différents en France et en Belgique, Dunkerque devra faire des choix prioritaires pour ses livraisons ; on y est habitué à réaliser des commandes « standard », à grand volume. Or le site de Liège a besoin, lui de nuances d’acier plus spécifiques. Liège ne sera servi qu’en fin de course quand les grandes séries auront été réalisées. S’y ajoutent les problèmes de logistiques qui multiplient par trois les délais d’attente ! C’est invivable à long terme et destructeur des unités du froid de Liège. C’est contraire aux arguments de la direction qui déclare vouloir se reconcentrer sur des activités de niches à plus forte valeur ajoutée.        

        

 

L’option du groupe d’articuler son activité sur des productions massives d’acier banal, objet de demande intense à certains niveaux, a provoqué un moindre intérêt d’ArcelorMittal pour la recherche, pour les produits  d’avenir qui sont les spécificités de Liège, l’ancrage de son futur. On y dégage une remarquable capacité d’innovation pour les aciers de demain, pour leur utilisation plus étudiées dans le cadre d’un développement durable. Non seulement ces positionnements sont compromis par le faible intérêt d’ArcelorMittal pour ces aciers à haute valeur ajoutée, mais à l’inverse, le groupe s’est organisé pour dupliquer les produits liégeois et permettre ainsi une délocalisation d’une partie des productions qui étaient jusqu’à aujourd’hui uniquement fabriqué sur le bassin liégeois.           

            

 

Le Comité dénonce l’attitude du Groupe qui foule aux pieds les accords et conventions négociées avec l’ensemble des syndicats Européens dans l’Accord-cadre FEM/ ArcelorMittal  2009, qui postulait le rejet de toute fermeture et  s’appuyait sur le respect des représentants des travailleurs. Que reste-t-il de ces beaux principes de concertation, de respect  et de transparence ?

 

 

Le Comité estime irresponsable le comportement du groupe qui n’hésite pas à déséquilibrer totalement l’économie d’une Région et à en hypothéquer l’avenir tout en reportant sur elle toutes les conséquences économiques et sociales désastreuses que cela induit. La encore que reste-t-il des beaux principes d’une entreprise citoyenne prônant le développement durable ?

 

De quel poids on pesé les sidérurgistes d’ArcelorMittal Liège et les centaines de sous traitants et intérimaires, dans vos choix ? Comment avez vous quantifié les drames pour les familles dont les parents sont déjà au chômage depuis des mois ? 

 

 

Le Groupe s’ingénie par ailleurs à faire une obstruction systématique à toute alternative industrielle attendue par les travailleurs tout en étant actif dans la déstabilisation de l’encadrement, dans la déviation des commandes vers d’autres sites, dans l’étouffement complet des équipes commerciales.

 

 

Le Comité mesure bien qu’une telle stratégie peut s’appliquer aisément ailleurs : il invite donc à ce qu’une réflexion en profondeur puisse permettre de trouver les voies et moyens pour l’enrayer.              

                                 

 

Le Comité fait sienne la position des représentants liégeois consistant à maintenir et à développer, dans leur bassin, une sidérurgie intégrée performante, alliant phase liquide, sidérurgie à froid et centre de recherches, tout en maintenant l’emploi et l’embauche, condition essentielle d’une garantie d’activités pour les années futures.

 

Il partage leur analyse les conduisant à estimer que cela ne sera plus possible au sein du Groupe ArcelorMittal et soutient leur volonté de chercher d’autres pistes pour assurer leur avenir.

 

 

metallos.be



17/03/2012

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