En Wallonie, 70 % des greves sont illegales

 

 

 

En Wallonie, 70 % des grèves sont illégales

(28/04/2012)

 

 

L’Union wallonne des entreprises a mené l’enquête sur les actions sociales au sud du pays. Il y a encore trop de “violences syndicales”. C'est ce que révèlent aujourd'hui nos confrères de La Libre Belgique


D’autres situations "à la limite" ont également fait l’actualité de ces derniers mois. Et ce n’est pas toujours de la faute des patrons Comme chez ArcelorMittal, par exemple, toujours en région liégeoise, où la direction locale avait été séquestrée pendant 24 heures par les métallos quelques jours avant l’annonce de la fermeture définitive des deux hauts fourneaux et de la phase à chaud.

Face à cet échauffement des esprits, l’Union wallonne des entreprises (UWE) vient de mener une enquête sur la gréviculture wallonne. Cette analyse s’inscrit dans la réflexion de la fédération patronale autour de son plan "Ambition 2020" destiné à remettre l’économie wallonne sur les rails. Notamment en améliorant le climat social. Et les résultats de l’enquête de l’UWE sont sans appel : au sud du pays, de 60 à 70 % des grèves dans le secteur privé ne respectent pas les procédures légales. Soit, en principe, organiser une médiation avant de déposer un préavis pour ensuite seulement utiliser la grève comme arme ultime.

"On nous reproche souvent de revenir tout le temps sur les séquestrations de directions d’entreprise en cas de conflit social et sur le blocage des usines, mais ces questions sont très graves et sont significatives d’une violence dans les rapports sociaux. Même si ce n’est pas forcément la réalité des 70 000 entreprises que compte la Wallonie, analyse Vincent Reuter, administrateur délégué de l’UWE. Mais ça prouve que l’on n’a pas le climat social qu’il faudrait dans une région en retard économique comme la nôtre. Dans notre situation, nous devons être excellents au niveau du climat social pour susciter des investissements locaux et attirer des investisseurs étrangers. Donc, ne nous focalisons pas sur les cas particuliers où les syndicats bloquent tout. Mais il y en a quand même beaucoup ".

A ce sujet, l’Union wallonne a également compté le nombre de "séquestrations" dans les sociétés. "En 2011, il y a eu tout de même 4 situations de séquestration de la direction en Wallonie ! C’est typique de chez nous, on n’a pas ça ailleurs ! A ma connaissance, chez Bekaert, en Flandre donc, il n’y a pas eu ce genre de choses, malgré la restructuration. En Allemagne, aux Pays-Bas, il n’y a pas tout ça. Or, ce sont nos partenaires commerciaux les plus importants. Les séquestrations sont un mal typiquement wallon. L’Union wallonne déplore l’hypocrisie du monde politique qui critique, par exemple, le fait que la direction allemande de Meister envoie des gros bras pour dégager l’usine, mais ne dit rien sur le comportement des syndicats. Or, des gros bras, il y en a aussi dans les piquets de grève", s’indigne Vincent Reuter.

Des violences néfastes à la santé économique de l'entreprise

Les patrons wallons sont, en effet, particulièrement indignés par cette impunité. "Le problème aussi, c’est que l’on baigne dans la culture d’une certaine violence dans les rapports sociaux, avec la grève et la séquestration. Et on considère que ce n’est pas grave, que c’est en quelque sorte un prêté pour un rendu. On nous dit souvent : ‘Vous recourez à la violence économique en restructurant ? D’accord, mais alors les travailleurs recourent à la violence physique en réponse ’ Mais une restructuration, ce n’est pas de la violence. C’est tout à fait légal et c’est un droit des employeurs."

Mais tous les syndicats ne sont pas à mettre dans le même sac, affirme encore Vincent Reuter. Le grand fautif ? Le syndicat socialiste et tout particulièrement sa branche Métal. "La plupart des actions de ce genre sont à mettre au compte de la FGTB. Car elle est noyautée dans certaines entreprises par le PTB, surtout dans le secteur Métal. A ce sujet, la région liégeoise est plus bouillonnante qu’ailleurs aussi sur cette question. Mais le Hainaut a eu son lot de séquestrations. En fait, c’est un point commun des bassins industriels où il y a une tradition de lutte ouvrière. Mais ça dépend aussi de la situation de chaque entreprise, des représentants des travailleurs qui sont choisis, etc."

Enfin, une conséquence négative des "violences syndicales" : les investisseurs étrangers tournent les talons à une vitesse supersonique face à certains faits. "On sous-estime l’effet désastreux qu’ont les séquestrations, les blocages, etc., sur les directions des multinationales quand il se passe une telle chose dans une de leurs filiales. J’ai travaillé dans une multinationale pendant des années, et je peux vous dire que ce genre d’actions peut provoquer de la rage au top des entreprises ! Elles ne ferment pas le site pour autant, mais elles peuvent ne plus y investir et le laisser mourir "

 

 

© La Dernière Heure 2012



28/04/2012

A découvrir aussi


Inscrivez-vous au blog

Soyez prévenu par email des prochaines mises à jour

Rejoignez les 26 autres membres