ArcelorMittal achete de l acier a son concurrent russe !

 

 

Faute de capacités, ArcelorMittal achète de l'acier au russe Severstal

Alors qu'ArcelorMittal maintient une dizaine de hauts-fourneaux éteints, le sidérurgiste a dû se fournir auprès de son concurrent russe pour éviter des ruptures d'approvisionnement.

 

Ingrid FRANCOIS-FEUERSTEIN
Journaliste

 

La situation a quelque chose de paradoxal. Alors qu'ArcelorMittal maintient une dizaine de hauts-fourneaux éteints à cause de la faiblesse de la demande, le sidérurgiste doit se fournir auprès de son concurrent Severstal pour éviter des ruptures d'approvisionnement.

 

La direction a annoncé ce matin lors d'un comité d'entreprise extraordinaire l'achat de 60.000 tonnes de brames d'acier auprès de son rival russe pour alimenter ses aciéries de Gent et de Brême. Une situation peu fréquente dans la sidérurgie, à part dans les périodes florissantes, comme en 2007 ou 2008.

 

Pour les syndicats, il s'agit d'un argument supplémentaire qui justifierait le redémarrage de Florange, l'usine dont l'arrêt vient d'être prolongé au moins jusqu'à fin juin -la période de chômage technique de 500 salariés va être prolongée d'autant. La direction réfute toutefois cet argument :

 

« Il s'agissait d'un besoin de très court terme, lié aux conditions hivernales difficiles, qui ont causé des pertes de brames sur nos usines. Cela ne justifie pas la réouverture de l'un de nos hauts-fourneaux mis en sommeil. Nous rappelons que les niveaux de livraison en Europe sont encore de 20 % inférieurs à ceux d'avant la crise », indique Hervé Bourrier, PDG d'ArcelorMittal France.

 

En outre, les 60.000 tonnes achetées correspondent à de petites quantités, qui ne suffisent pas à faire tourner un nouveau haut-fourneau. A titre de comparaison, si l'un des deux hauts-fourneaux de Florange redémarrait, il produirait environ 90.000 tonnes par mois.

Pénurie de brames

Cette annonce alimente les craintes des syndicats qui, outre la question de l'emploi, mettent en garde contre les risques industriels de la stratégie d'ArcelorMittal. Le numéro un mondial de l'acier veut faire tourner en priorité les usines les plus compétitives et mettre en veille les autres pour préserver ses marges. Il pense que cette mesure lui permettra de dégager chaque année 1 milliard de dollars supplémentaires au niveau de son excédent brut d'exploitation.

 

Les hauts-fourneaux de Dunkerque tournent ainsi à 98,5 %, tandis que ceux de Florange restent éteints. Dans un courrier de la CFE-CGC adressé à Robrecht Himpe, le président de l'activité d'aciers plats carbone, le syndicat alerte sur le risque de pénurie de brames. La division « refuse ou décale des commandes que nous ne sommes pas en mesure de laminer à Florange pour « manque de brames», avertit Xavier Le Coq, président de la CFE-CGC Sidérurgie. Selon lui, cette stratégie pose également des problèmes de qualité : «Nos clients de l'automobile livrés à partir de brames de Dunkerque se plaignent d'une recrudescence sans précédent des défauts d'origine aciérie», affirme-t-il.

 

 

 

 

ArcelorMittal : les syndicats dénoncent la « mort programmée » de Florange

 

La colère est montée d'un cran à Florange ce jeudi suite à la confirmation en comité central d'entreprise d'ArcelorMittal du non-redémarrage des installations mosellanes au cours du deuxième trimestre. Suspendu le CCE doit reprendre le 2 mars. 23/02/2012

 

Malentendus, mensonges...quoi qu'il en soit la colère des syndicats est montée d'un cran ce jeudi à Florange à l'occasion d'un Comité central d'entreprise (CCE).  Selon eux, ils ont appris que le groupe envisageait d'acheter au cours du premier trimestre 60 000 tonnes de brames auprès de son concurrent direct, le russe Severstall, pour faire face à la quasi-saturation de son haut-fourneau de Dunkerque. "La direction s'était engagée à redémarrer nos hauts-fourneaux si celui de Dunkerque n'arrivait pas à alimenter, ici, en acier le train à chaud.

 

60.000 tonnes d'acier russe font polémique

 

Et voilà qu'elle annonce au CCE l'achat de 60.000 tonnes  de métal en Russie. Elle vient tout simplement de signer l'arrêt de mort de Florange ", a estimé, très remonté, le responsable de la CFDT, Edouard Martin. « ArcelorMittal démontre son intention de court-circuiter toute la filière lorraine, où la métallurgie et la sidérurgie représentent 50 000 emplois. Le gouvernement français peut interférer et faire la preuve de sa volonté de maintenir l'industrie nationale », affirme Yves Fabbri, délégué CGT d'ArcelorMittal Florange. La CFE/CGC entend démontrer la viabilité économique d'un redémarrage du haut-fourneau P6 d'ici au printemps prochain. « La demande d'acier est particulièrement forte au deuxième trimestre. On ne peut pas laisser 1 000 personnes au chômage à Florange tout en s'approvisionnant auprès d'un concurrent russe, quitte à tromper le client sur la marchandise », déclare François Pagano, porte-parole de la CFE/CGC à Florange. « Nous avons à présent la preuve de la mort programmée de ses installations lorraines. Il n'y a plus que les politiques pour être assez naïfs, voire complices, pour ne pas le voir », assène pour sa part Edouard Martin. Le délégué CFDT du comité central d'entreprise européen d'ArcelorMittal ne quitte plus le site de Florange, dont la direction est occupée par l'intersyndicale depuis lundi dernier.

 

La direction dément des importations d'acier

 

De son côté le PDG d'ArcelorMittal France, Hervé Bourrier, a assuré que le sidérurgiste n'avait pas importé d'acier étranger pour faire tourner ses installations de Florange La direction générale d'ArcelorMittal France dément toute importation de brames d'acier en provenance de l'étranger pour le site de Florange ", a t-il affirmé dans une déclaration écrite transmise à l'AFP. Le groupe admet voir importé 60.000 tonnes d'acier pour ses sites belge de Gand et allemand de Brême. Hervé Bourrier, PDG d'ArcelorMittal France, maintient un argumentaire fondé sur la faiblesse globale du marché européen. Publiée à l'issue du CCE, sa déclaration évoque une décision « pleinement justifiée par le contexte industriel actuel », pointant un recul un recul de la demande de 1,3 % en 2011 et la perspective d'une nouvelle baisse de 2 % cette année. L'industriel réaffirme une politique de flexibilité des installations pour s'adapter « à une demande de plus en plus fluctuante et à des marchés devenus extrêmement volatils », tout en assurant maintenir les mesures nécessaires au redémarrage des installations mosellanes dès que le marché le permettra. Cette promesse, dont Eric Besson, ministre de l'Economie, s'était fait écho en janvier dernier lors d'une visite en Moselle, convainc moins que jamais les 3 000 salariés de Florange.

 

Pascale Braun, à Metz

 

latribune.fr

 

 

 

Faute de capacités, ArcelorMittal achète de l'acier au russe Severstal

 

Alors qu'ArcelorMittal maintient une dizaine de hauts-fourneaux éteints, le sidérurgiste a dû se fournir auprès de son concurrent russe pour éviter des ruptures d'approvisionnement.

 

La situation a quelque chose de paradoxal. Alors qu'ArcelorMittal maintient une dizaine de hauts-fourneaux éteints à cause de la faiblesse de la demande, le sidérurgiste doit se fournir auprès de son concurrent Severstal pour éviter des ruptures d'approvisionnement.

 

La direction a annoncé ce matin lors d'un comité d'entreprise extraordinaire l'achat de 60.000 tonnes de brames d'acier auprès de son rival russe pour alimenter ses aciéries de Gent et de Brême. Une situation peu fréquente dans la sidérurgie, à part dans les périodes florissantes, comme en 2007 ou 2008.

 

Pour les syndicats, il s'agit d'un argument supplémentaire qui justifierait le redémarrage de Florange, l'usine dont l'arrêt vient d'être prolongé au moins jusqu'à fin juin -la période de chômage technique de 500 salariés va être prolongée d'autant. La direction réfute toutefois cet argument :

« Il s'agissait d'un besoin de très court terme, lié aux conditions hivernales difficiles, qui ont causé des pertes de brames sur nos usines. Cela ne justifie pas la réouverture de l'un de nos hauts-fourneaux mis en sommeil. Nous rappelons que les niveaux de livraison en Europe sont encore de 20 % inférieurs à ceux d'avant la crise », indique Hervé Bourrier, PDG d'ArcelorMittal France.

 

En outre, les 60.000 tonnes achetées correspondent à de petites quantités, qui ne suffisent pas à faire tourner un nouveau haut-fourneau. A titre de comparaison, si l'un des deux hauts-fourneaux de Florange redémarrait, il produirait environ 90.000 tonnes par mois.

 

Pénurie de brames

 

Cette annonce alimente les craintes des syndicats qui, outre la question de l'emploi, mettent en garde contre les risques industriels de la stratégie d'ArcelorMittal. Le numéro un mondial de l'acier veut faire tourner en priorité les usines les plus compétitives et mettre en veille les autres pour préserver ses marges.

 

Il pense que cette mesure lui permettra de dégager chaque année 1 milliard de dollars supplémentaires au niveau de son excédent brut d'exploitation.

Les hauts-fourneaux de Dunkerque tournent ainsi à 98,5 %, tandis que ceux de Florange restent éteints. Dans un courrier de la CFE-CGC adressé à Robrecht Himpe, le président de l'activité d'aciers plats carbone, le syndicat alerte sur le risque de pénurie de brames.

 

La division « refuse ou décale des commandes que nous ne sommes pas en mesure de laminer à Florange pour « manque de brames » », avertit Xavier Le Coq, président de la CFE-CGC Sidérurgie. Selon lui, cette stratégie pose également des problèmes de qualité : « Nos clients de l'automobile livrés à partir de brames de Dunkerque se plaignent d'une recrudescence sans précédent des défauts d'origine aciérie », affirme-t-il.

 

IN.F.

lesechos.fr

 

 



29/02/2012

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