La Commission européenne boycotte à son tour l'Euro en Ukraine

 

La Commission européenne boycotte à son tour l'Euro en Ukraine

Le Monde.fr |03.05.2012

 

 

Aucun membre de la Commission européenne ne se rendra en Ukraine pour l'Euro 2012 de football. Partie de la représentation diplomatique de l'Union européenne à Kiev, l'information était confirmée jeudi après-midi 3 mai par les services du porte-parole de José Manuel Barroso, à Bruxelles. Les commissaires entendent ainsi protester contre le sort réservé par le régime du président Viktor Ianoukovitch à sa rivale et ancienne première ministre Ioulia Timochenko. Elle purge actuellement une peine de prison de sept années. Malade, elle aurait été récemment brutalisée et s'est dite résolue à poursuivre une grève de la faim commencée le 20 avril.

 

Plusieurs gouvernements, dont ceux d'Allemagne, des Pays-Bas et de Belgique, ont déjà annoncé qu'ils comptaient ne pas se rendre en Ukraine, coorganisatrice du championnat, avec la Pologne, du 8 juin au 1er juillet, si le sort de M. Timochenko ne s'améliorait pas. La finale et la cérémonie de clôture de l'Euro de foot doivent avoir lieu à Kiev. Le président allemand, Joachim Gauck, et la commissaire européenne Viviane Reding avaient, dès la semaine dernière, exprimé leur condamnation officielle du régime ukrainien. Catherine Ashton, chef de la diplomatie européenne, avait exigé que l'ambassadeur de l'UE à Kiev puisse rencontrer Mme Timochenko. Enfin, neuf dirigeants devraient boycotter un sommet sur l'Europe centrale prévu les 11 et 12 mai à Yalta.

 

"TENTATIVES DESTRUCTRICES DE POLITISER L'EURO"

 

La Commission européenne est toutefois embarrassée et se demande comment marquer sa réprobation de l'attitude ukrainienne sans pénaliser la Pologne. Les services de M. Barroso insistent sur le fait que leur décision n'est pas "un boycott de l'Euro" et la commissaire Androulla Vassiliou, en charge des sports, devait promettre de se rendre en Pologne pour assister à certaines rencontres. "Nous ne voulons pas pénaliser le pays co-organisateur ou mettre en péril le succès du tournoi", indiquait son porte-parole.

 

La Pologne appelle Kiev à trouver une solution à l'affaire Timochenko tout en demandant aux pays occidentaux de ne pas saper la manifestation. Le président Bronislaw Komorovski a estimé que l'Ukraine avait "une chance de se présenter sous un meilleur jour".

 

Jeudi,la diplomatie de Kiev a cependant jugé "destructrices" les "tentatives de politiser l'Euro 2012. Elle a trouvé un appui à Moscou, où le président Vladimir Poutine a jugé qu'"aucune circonstance ne permet que l'on mêle le sport à des questions politiques, économiques ou autres".

 

A l'évidence, les relations entre Kiev et Bruxelles devraient se tendre un peu plus. En octobre 2011, une visite du président Ianoukovitch dans la capitale belge avait été reportée "à une date ultérieure" compte tenu de la condamnation infligée à M. Timochenko. Un accord de libre-échange conclu en mars est désormais en péril. Moscou, qui tente de favoriser la dérive vers l'Est de l'Ukraine et de convaincre ses dirigeants de se rapprocher de son union douanière avec le Kazakhstan et la Biélorussie ne voit pas cette évolution d'un mauvais œil.

 

 

Jean-Pierre Stroobants (Bruxelles, Bureau européen)



04/05/2012

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